Je n'aime pas les films romantiques. Les histoires d'amours m'importe peu si elle ne sont pas l'intrigues principales. Les quelques unes, hors films romantiques, qui m'ont intéressé ne l'ont fait que grace aux déchirures ou aux tourments, que ce soit Karen et Henry Hill dans "Les Affranchis" de Scorsese ou Harry et Marion dans "Requiem for a dream" de Aronofski. Cependant, trois relations m'ont énormément touchées: celle recherchée entre Mathilde et Manek dans "Un long dimanche de fiançailles" de Jeunet, celle impossible entre Benjamin Braddock et Ellen Robinson dans "Le lauréat" de Nichols et celle improbable entre Cécilia et Tom Baxter dans "La rose pourpre du Caire" de Woody Allen. Et je me souviens que ma dernière expérience face à un de ses films m'avait laissé sur ma faim. Alors je lui ai laissé la chance de se racheter, en même temps qu'avec le film romantique grâce à un couple d'artistes assez étranges.
Nous suivons ici le couple formé par Alvy Singer, célèbre comique névrosé et obsédé par le sexe, la mort et nombre d'autres sujets pessimistes, et Annie Hall, chanteuse peu sûre d'elle. Nous apprenons dés l'ouverture que le couple va très mal Nous allons donc revoir l'enfance d'Alvy, sa rencontre avec Annie, les hauts comme les bas de les hauts de leur relation jusqu'à la résolution.
Quand je repense à "Scoop", le dernier Woody Ale que j'avais vu, je pense que cette petite bévue est largement pardonnée. Quelle belle histoire que celle d'"Annie Hall". J'aime énormément comment le couple se dégrade petit à petit, chacun voulant le bien de l'autre. Sans compter que le problème n'est pas qu'il ne se passe rien dan,s le couple, c’est qu'Alvy va rendre Annie plus sûre d'elle, ce qui les forcera à changer de mode de vie, ce qui ne dérange que peu Annie, mais ce dont Alvie est incapable, coincé dans ses obsessions. Et c'est encore plus touchant quand on sait que Woody Allen tourne en dérision sa propre rupture et utilise énormément de référence à sa propre vie. Quant à la mise en scène, elle tient du génie. Il parvient à créer des scènes romantiques ou dramatiques très jolies, puis la détruit avec un superbe effet comique. Et quand ce n’est pas le réel qui détruit la scène, comme lorsqu'Alvy éternue dans la cocaïne, Woody Allen pulvérise le quatrième mur. Par exemple, la première fois qu'Alvy et Annie discutent d'art chez elle, des sous-titres indiques leurs pensées du moments, et tout les deux ont peur d'être ridicule. Et il ne s’arrête pas là: spectres symbolisant la pensée d'un personnage s'adressant à un autre personnage, acteurs s’adressant au spectateur ou à des passants quelconques qui ne sembles nullement troublés, et j'en passe. Cependant, jamais je n'oublierais le côté dramatique de leur relations; car la mise en scène y sert aussi, notamment un split-screen, c'est à dire l'écran scindé en deux parties, où les deux personnages vont chez leurs psychanalystes respectifs, racontent leurs problèmes, et nous pouvons voir que les deux parlent de la même chose. Quant aux acteurs, si Diane Keaton, déjà aperçu dans "Le parrain" parties une et deux, ne m'inquiétait guère, Woody Allen me faisait lui frissonner. Sa prestation du magicien bègue Sidney Waterman m'avait fait me hérisser les poils d’énervement car je l'ai trouvé forcé et inutile. Mais là, je l'ai trouvé très bon, naturel, sympathique, il était vraiment agréable à voir jouer. Peut-être est-ce le fait de jouer son propre rôle, je dirais si je devais être mauvaise langue. Et je voudrais finir par dire que la réplique de fin est sans doute une des plus belles et des plus vraies de l'histoire du cinéma.
Me voici donc réconcilié avec Woody Allen, j'ai réappris à apprécier les films romantiques et j'ai désormais très envie de voir d'autres histoires d'amours de Woody Allen. Sur ce, Woody Allen est un génie que vous devriez connaitre, les histoires d'amours ne sont pas toujours creuses et "Annie Hall" en est un magnifique exemple.