"I just felt you'd let me down"

Etrange comme certains films vous laissent une impression mitigée, non parce qu'ils sont médiocres, mais parce que vous ne savez pas vraiment par quel bout les prendre. "Another Year" est ce ceux-là. Avant de me lancer dans la rédaction de cette critique j'en ai lu une douzaine d'autres, sur ce site et ailleurs--Télérama, feu Roger Ebert, même The Guardian. Et je vois que comme moi, plusieurs autres sont pris d'une hésitation sur le sens à donner à ce qu'ils ont vu.

Tom et Gerri sont-ils un modèle d'harmonie conjugale et d'altruisme sincère envers les bras cassés et accidentés de la vie qui sonnent sans arrêt à leur porte? ou sont-ils au contraire deux hypocrites condescendants qui ont besoin de se rappeler leur propre supériorité morale par la fréquentation de moins chanceux qu'eux? Je penche pour la première hypothèse, mais j'ai lu des arguments convaincants en faveur de la seconde. Mais peut-être aussi que mon jugement est faussé par l'antipathie viscérale que j'ai ressenti pour le personnage de Mary, une irresponsable qui refuse de se rendre compte qu'elle est en chute libre. D'aucuns disent que c'est précisément pour ce genre de personnage cabossé que Mike Leigh réserve son affection, plutôt que pour les braves gens pleins de suffisance inébranlable. C'est possible. Pour l'instant, en tout cas, je n'arrive pas à trancher.