Apocalypto s’attaque à d’épineux problèmes. Mel Gibson a choisi de travailler sur une civilisation qui est relativement méconnue. Il choisit aussi d’aborder la question de la violence dans les sociétés amérindiennes.
Le film raconte l’histoire de Patte-de-Jaguar, chasseur avec d’autres hommes et son père pour sa petite tribu vivant dans la forêt d’Amérique centrale. Sa vie est alors bouleversée lorsqu’une horde de Mayas viennent mettre à sac son village et capturer les habitants qui serviront de victimes pour des sacrifices. Nous suivons donc Patte-de-Jaguar et ses compagnons de sacrifice sur la route vers leur mort certaine.
Le film a la prétention d’être un film historique. On le voit dans la représentation des relations sociales entre les personnages, particulièrement dans la première demi-heure du film. La séquence de chasse, la négociation avec le représentant d’une tribu étrangère, l’histoire autour du feu…. Dans toutes ces séquences l’organisation sociale de la tribu est visible. Tout cela rend l’ensemble présenté à l’écran comme étant très cohérent. Tout cela sert à renforcer la violence à laquelle on assiste dans la mise à sac du village par les Mayas.
Le film met en scène la violence, Mel Gibson y est très attaché. Il est possible de voir une violence cachée entre les habitants du village de Patte-de-Jaguar mais surtout une violence ethnique entre les Mayas et les villageois. C’est la mise en scène du film qui nous l’explique. Les Mayas portent des costumes et des tatouages très impressionnants qui
traduisent un usage traditionnel de la violence
. C’est aussi visible à travers
le jeu ultra-pervers auquel ils se livrent avec les survivants du sacrifice. Cette course contre la mort rappelle ce que les Allemands font subir aux résistants dans L’armée des ombres.
Cette violence omniprésente chez les Mayas montre que la société est malade et ne survit que dans le fanatisme et dans les sacrifices sanglants.
On le voit quand Patte-de-Jaguar s’échappe en traversant un gigantesque charnier, avec une construction de l’image similaire aux films des camps de concentration filmés par les Alliés, montrant l’ampleur du crime maya.
Enfin et surtout, Mel Gibson considère Apocalypto comme une réflexion globale sur cette violence. Tout le monde a remarqué
le double clin-d’œil à 2001 avec l’os du piège de chasse qui s’élève et s’écrase au sol.
Cet usage peut s’expliquer par la volonté de Mel Gibson de rappeler la nature violente des humains.
Ceci étant renforcé par l’arrivée des Espagnols à la fin du film ; comme pour dire que « les bons sauvages » n’ont pas eu besoin d’attendre les Occidentaux pour se massacrer. Cette fixation de la temporalité rappelle aussi au spectateur le contexte global de violence qu’a été le XVIème siècle.