A la fin de la projection du film en avant-première à Seynod, nous avons eu la chance de rencontrer sa réalisatrice Annarita Zambrano et l’actrice du film interprétant Anna, où plutôt devrais je dire uniquement la réalisatrice, l’actrice ayant choisi la lutte clandestine contre…le sommeil ! Et sa ressemblance sur l’affiche du film nous embruma un peu…
Le film aborde un sujet public, la fin de l’amnistie des terroristes italiens par la France (une décision pour beaucoup d’entre nous incompréhensible), dans la sphère du privé, et comprendre l’inverse provoquerait les foudres de la réalisatrice ! Le choix d’une fiction permet de pouvoir tout faire, et pourquoi pas même n’importe quoi, dans un cadre choisi préalablement. Pour faire bref c’est un film français qui parle de l’Italie : aucune référence à des évènements historiques, aucune idéologie ni même à un quelconque baratin et bien sûr aucune trace judiciaire.


Le film est assez bien narré et filmé, en panoramique pour plus d’immersion dans la vie des personnages, mais à l’exception des gros plans du début sur l’adolescente que je juge déplacés et inutiles, avec quelques lenteurs dans le rythme, ponctué de quelques effets chocs non gores ! Les personnages ne sont pas trop superficiels, les acteurs s’investissent pleinement dans leur rôle, pour certains leur premier. La réalisatrice n’a pas choisi de prendre partie si bien que le juge, le beau-frère du terroriste (qui devient un art de créer des combles…) nous paraît aussi antipathique et terne que le criminel !
Annarita Zambrano a fait un film, à défaut d’être surhumain, humain en laissant une empreinte féminine bon gré malgré elle. J’ai pu lui faire cette remarque à la sortie, elle m’a répondu : « Féminin ?!!…Allez il est tard nous devons partir… » Comme par exemple l’histoire d’amourette de adolescente était-elle nécessaire, ou n’étions nous pas déjà un peu pris par le temps ??!! En plus d’être à la fois humain, féminin, c’est un film intimiste. A travers le portrait qu’elle brosse de Viola, sûre d’elle, possédant un caractère bien trempé…fille de terroriste tout de même !, a un désir d’indépendance et surtout ne veut pas être écrasée par le père, tout comme la personnalité de la réalisatrice et scénariste : fille de juge qui n’a pas eu une personnalité écrasée en la voyant, est la première à faire un film sur cette période italienne post années de plomb, va donc à l’encontre des archétypes sur la famille italienne. Annarita est à l’image de son film.
La réalisatrice a fait s’entrechoquer durant tout son film deux mondes antagonistes où leur substance est différente de ce que l’on pourrait penser au premier abord : un vaste espace libre en France où pourtant les protagonistes sont recherchés par la police, et un enferment moral en Italie dans un pays libre en apparence. Pour comprendre le choix de certaines scènes sous-jacentes du film, la lecture peut se faire à travers le prisme psychanalytique : lorsque la mère de la sœur du terroriste gronde sa fille fortement dans sa voiture, peut nous dire que l’épisode envers cette violence ou la violence est non bouclée, héréditaire et banale. Le complexe d’Œdipe mis progressivement en place serait le fil directeur du film aboutissant à son issu final et fatal : pour s’émanciper, avoir une nouvelle vie c’était le prix à payer pour Viola…


En conclusion, nous restons sur notre faim car nous avons les mêmes interrogations qu’au départ : quelles peuvent être les solutions envisageables pour ces deux pays et les victimes, pourquoi dans le film le couperet de la justice ne peut tomber. A l’inverse on s’attarde sur des aspects de la vie de certains personnages nous éloignant du sujet traité, tout ceci traduisant en fait les faiblesses du scénario. Alors pour un film intimiste oui mais un rendez-vous manqué avec l’histoire.


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le 14 mars 2018

Critique lue 480 fois

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