la solennelle poignée de main de l'adipeux destin

Fragments de vie, destins croisés, imbrication d'évènement pas forcement comme il le faudrait. Des bouts de vécu qui s'accumulent sans logique aucune, qu'on oublie de partager. Des non-dits soit disant sans importances. Et pourtant, de ces négligences naîtra un comportement, comportement incompris par celui qui n'aura pas suivi les rouages de son aboutissement. Oui, nous vivons dans l'incompréhension totale des agissements d'autrui! Combien de gestes nous sont cachés lorsque le dernier est enfin dévoilé ? Comme nous sommes aveugles ! Les actes visibles ne sont en définitif que la surface émergée d'iceberg composé d'une multitude d'impaires et de gaucheries retravaillées.

Eléments qui s'ajoutent, constamment, supportables individuellement mais dont le poids globale finira par faire fléchir celui qui n'a de cesser de les porter. Et au hasard, une existence en sera bannie de la façon la plus injustement choisie, à l'image de l'apathie de la nature à l'égard de l'homme: insignifiante. L'acteur de ce crime n'aura pas à choisir, non, il s'agit là d'un acte mécanique, ni ciblé, ni commandé, certainement pas voulue non plus. Presque instinctif, le fatum prendra les choses en main le temps d'une fraction de seconde, le temps de commettre l'irréparable, d'oublier son humanité, de retrouver son animalité la plus primaire. Cela autorise t il à déculpabiliser l'homme à l'origine de telles atrocités ? Tout cela ne permettrait il pas d'expliquer la moindre dérive et d'en excuser son auteur ? Jusqu'où s'arrêter donc la culpabilité ? Est on vraiment absent dans ces instants de prises de pouvoir du soi par la fatalité ? As t on vraiment connaissance de tous les faits lorsqu'on juge un coupable ? Faudrait il remonter systématiquement à toutes ces négligences oubliées? Prendre en compte tout le poids de ce continuum dans la fatalité?Tout est importance, tout se joue à un rien, tellement de choses nous échappent et nous filent entre les mains.

La lourdeur de la destinée humaine est compensée par la légèreté de la forme de ce film aux dialogues minimales et à l'esthétique épurée. Un film lent mais qui vous tient en haleine, perpétuellement, comme une tension sous jacente qu'on attendrait constamment, et rythmée par une histoire plusieurs fois recommencée mettant en marche le processus de la fatalité. Que faut il penser de la fin ? A forte connotation judéo-chrétienne, ne renvoie t elle pas à la passion du christ, à l'injustice du jugement des hommes face à des évènements qu'il ne peut maîtriser ? Une punition gratuite à un être qui ne l'a pas mérité ? N'est ce pas depuis le début (du christianisme) une façon qu'à trouver l'homme pour se décharger de toutes responsabilités ? Anéantir au hasard pour se laver des mots de la société.

Qui est coupable?

(surtout ne pas regarder l'affiche avec trop d'attention, au risque que tout vous soit dévoilé)

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le 16 oct. 2011

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Knutcha

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