Pari risqué quand même, pour Jean-Patrick Benes, d’avoir pris en main une série B à base de bastons et de testostérone, à l’intrigue simple et prévisible, aux dialogues basiques et aux acteurs moyens. Une fois admise l’idée de se faire balader dans cette catégorie de divertissement, on peut cesser de s’intéresser au héros et au scenario, néanmoins attachants, pour se focaliser sur l’ambiance dystopique, seul véritable intérêt du film.
Comme dans une BD sombre et violente, elle dessine le portrait glauque, superficiel et individualiste d’une France tombée dans la pauvreté et la religion du supermarché généralisé, caricature de la nôtre bien sûr. Mais tiers-mondisation et misérabilismes organisés, privatisations totales, culte du profit déshumanisant, esprit du court terme obsessionnel qui sait efficacement noyer toutes constructions et organisations, CDD de parfois 24H, missions de Police comprises, ne peuvent tenir longtemps face à la résistance qui gronde. Elle sera donc jugulée par l’abrutissement des « jeux du cirque », compétitions hyper-médiatisées où sont appliquées ou testées les dopages les plus effroyables, et qui, perversion dans la perversion, sont devenues plus des publicités pour les toutes-puissantes industries pharmaceutiques que de simples loisirs débilisants.
Les amateurs d’anticipation et de BD ombrageuses apprécieront je pense cette atmosphère à la Rollerball, ou mieux encore à la Sin City ou à Daredevil (la BD) par Franck Miller, qui malgré sa naïveté sait nous embarquer dans une aventure percutante d’un monde taillé dans le roc.