No country for you, not even Utah.

Coen, Coen (soupire), que vais-je faire de vous ? J'avais planifié de faire une critique sur Fargo autrefois, je me suis dit autant la tempérer, la garder bien au chaud, mais il fallait qu'il continue de réaliser n'importe comment. Sérieusement, les gars, vous êtes pas un peu bipolaire parfois ? Des fois vous faites de bons films, des fois ils sont trop sérieux (No country), des fois ils sont trop comiques (Ladykiller), et des fois ils sont les deux à la fois (Fargo) et sans succès. Arizona Junior ne fait pas partie de ces catégories là, lui il est plutôt dans celle des films mal réalisés.

On peut comprendre, c'est un de leurs premiers films, il y a encore des logiques pas assimilées qui entachent le film d'une lourdeur inimaginable. Quand je dis "leurs", j'inclus la deuxième personnalité de Joel, celle de rendre le film pas assez logique.

Il y a deux majeurs défauts dans ce film, le premier est le scénario.

Pour illustrer ça, il y a plein d'exemples, commençons tout d'abord avec la scène où le patron vient voir Cage, ce dernier lui dit qu'il sait à propos du vol du gamin. J'ai peut être raté quelque chose mais comment il le sait ? Et pourquoi vient-il le voir ? Cage est un récidiviste né, qui habite au milieu du désert, c'est pas très rassurant tout ça.
Après ça, le chasseur de primes se retrouve à chercher le gamin, on le voit trouver du gel appartenant aux prisonniers, il a trouvé une piste, il va maintenant se diriger droit dans le repaire des...
"Bonjour monsieur Arizona, vous avez perdu votre enfant, j'aimerai en gagner de l'argent, vous acceptez ?"
"Ducon, bien sûr que j'accepte, si tu ramènes le bébé, mais comme tu es venu les mains vides !"
"Ah merde !! C'est ça une piste ? Il faut la suivre ?"
"T'inquiètes, c'est une technique des réalisateurs pour gagner du temps, en ce moment, comme ça l'histoire peut avancer derrière, ils sont à la maison, si t'étais parti maintenant, tu les aurais eu."
"Chasseur de primes pas content !"
J'imagine pas ça dans Red Dead Redemption !
"Monsieur, j'ai pris votre affiche "Wanted", mais je suis venu vous demander l'autorisation d'y aller, c'est bon ?"
"Ah dommage quelqu'un l'a déjà tué !"
"Marston pas content !"
"Si tu veux, tu peux tuer le vieux Billy Dalton !"
"Je peux monsieur ?"
"Bien sûr mon petit John, allez pars !"
"Merci monsieur !!"

Maintenant cherchons la logique des évadés de prison, qui volent le bébé et décident d'empocher l'argent avec, alors qu'ils sont, je le rappelle, recherchés, l'argent va leur servir à quoi si ils partent en prison ?
"Tenez voici l'argent, et maintenant passez moi le bébé et l'argent, vous êtes en état d'arrestation."
Surtout qu'avant de gagner l'argent de la prime, ces crétins pensent à braquer une banque, une banque paumée qui vaut dix fois moins que l'enfant !

Le deuxième défaut, le voili, le voilu, la lourdeur des scènes !

Déjà que le scénario est amputé d'une pléthore de raccourcis faciles, il se permet de perdre du temps avec des scènes magiques.
Regardez Arizona Junior et vous saurez à la perfection comment gagner du temps quand votre scénariste vous coûte trop cher, achetez un stagiaire qui vous donnera en un claquement de doigts plus de 30 minutes de vide.
Et quelles sont ces 30 minutes de vide, me direz vous, tout d'abord la scène où le patron vient dîner avec Cage, qui se compose de trois scènes qu'on peut résumer en une, Cage s'énerve et frappe son patron au cours d'un repas avec sa femme et ses enfants qui piaillent tout le temps. Wow ! J'ai réussi là où le scénariste manquait cruellement de logique, je peux facilement écrire des scénarios à ce stade ! Mon premier amendement serait de virer Frances Mcdormand de ce film et de Fargo une bonne fois pour toutes ! Elle est insupportable et (se racle la gorge) désolé je me suis emporté.
Ensuite, vient la scène de course poursuite, qui tient encore à gratter du temps par un procédé facile, beaucoup de mouvements, d'actions, qui se répètent et qui n'a aucun minimum de sens , même dans la quatrième dimension, cette poursuite serait impossible à réaliser. Surtout qu'elle repose sur cet idée "Le gamin a besoin de couches !", un élément qui ne participe pas au récit principal ! Je sais que je peux paraître assez nazi, mais à ce moment du film, on est vers les 50 minutes et le temps est passé comme une flèche. Si la scène avait été assez courte et qu'elle n'était pas posée vers la fin du film, je n'en aurais pas fait tout un plat. Dans un film, je reconnais, qu'il peut y avoir des scènes de vide, de rien, ou bien des scènes qui prennent un sens toutes ensembles.
En plus de ça, on essaye vainement de faire de l'humour à la Charlie Chaplin, "Un homme poursuivi par une meute de chiens", faut changer de bord les mecs, on est plus dans les années 30. Déjà que l'autre caractère humoristique réside dans "Les évadés hurlants" (bon nom pour un film ça), qui se répète deux fois, deux fois où je n'ai pas souri. Enfin, le dernier acte du comique adoré de ses dames, celui qui remporte les prix, la plus mauvaise imagination de tout le film et celui de la plus longue lenteur possible, "Les bébés vagabonds : Cage perd la main".

Finalement ces trois défauts remplissent vite une chaudière incapable d'en contenir plus, Coen est censé être un pur génie, et il se résout à faire des bêtises qu'on peut facilement retrouver bien plus tard dans Fargo. La fin ne vient pas relâcher la pression ambiante dans mon esprit, un John C Reilly qui se réveille à la fin du film mais pas assez pour dégager les armes de ses doigts avant d'exploser comme un ballon. Les gentils de l'histoire qui se rendent à la maison des Arizona pour donner le bébé avec une fin, moins niaise que Fargo et Ladykillers, mais plus niaise que le grand saut.
"Eh ! Mais c'est mon gamin, merci à vous, les gens qui rentraient dans les maisons des autres par la fenêtre, prenez tout mon argent !"
"Oh oui chérie prenons le !"
"Ah mais attendez, vous êtes ceux qui l'ont volé !"
"Oui mais on a fait ça pour l'amour."
"Ah bah alors ça va, si c'est pour l'amour !"

Les seuls trucs positifs que j'ai gardé en tête reste, l'introduction et la fin bien résumées et bien filmées, le cauchemar de Cage et "Maybe it was Utah", même si c'est sûr qu'il n'a pas atterri dans l'Etat des bons films ! Allez, je ne perds pas espoir, il y a d'autres bons films des frères Coen, il suffit de sentir le truc !