Au revoir là-haut par LuluCiné

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec le nouveau film de Dupontel ; en même temps les premières images laissaient présager une folie douce-amer sur fond de sarcasme qu’on connaît du réalisateur.
Au Revoir Là-Haut a la particularité de raconter une histoire singulière sur la première guerre mondiale, entre frasques de ceux qui ont profité de la guerre et poilus déchus, mais l’aspect lissé pour plaire au plus grand nombre m’a légèrement déplu. En soit le film n’est pas mauvais, loin de là, mais j’ai du mal à vous expliquer cette gêne : déçue probablement par une fantaisie au service d’une gueule cassée ; déçue par le battage médiatique et donc une trop grande attente. Et puis il y a une sorte de déjà vu, on pense forcément à Jean Pierre Jeunet, le jeu de Dupontel lui même rappelle ses propres rôles, naif et tendre. Je n’ai pas lu le roman, mais peut être que la fragilité psychologique des soldats y est plus présente car ma fois, on nous raconte une histoire sans surprise. La caricature est très appuyée et gâche peut-être la satire d’un film qui dénonce les enjeux sombre d’une guerre toujours ancrée dans les mémoires. Toujours est-il que Dupontel tente de dépoussiérer le genre par le truchement des masques et de cette gueule cassée, mais sans jamais vraiment creuser plus les personnages, entre des figures féminines inexistantes ou peu originales, un méchant caricatural et une relation père-fils peu compréhensible (la volonté d’Edouard de ne pas voir son père m’échappe un peu). Sans compter qu’on voit les ficelles apparaître au fur et à mesure que l’histoire se déroule.
Il reste la fantaisie des masques, pimentant l’aspect du poilu artiste détruit par la guerre, mais sa volonté de berner les autorités ne prend pas tant le pas sur l’histoire et on se surprend à regretter le manque d’émotion ; peut-être parce qu’elle est trop facile. En ce qui me concerne, je contemple sans jamais être cueillis.