Me voilà désappointé ! En lançant mon CD légalement obtenu (les vides greniers ont quand même du bon), je ne voyais que deux voies possibles : soit je déteste, soit j’érige ce film au rang de chef-d’œuvre. Étrangement, je ne pensais pas me retrouver dans la phase intermédiaire.


Une position rendu d’autant plus délicate que j’ai aimé ce film, j’ai même passé un très bon moment devant ces 4 heures. J’irais même jusqu’à dire que si je ne cherchais pas plus loin, je pourrais le qualifier de chef-d’œuvre. Mais vous me voyez venir avec mes gros sabots, il y a quelques éléments qui font que je ne peux, et vraisemblablement ne pourrais jamais, le qualifier de chef-d’œuvre.


Je ne pourrais jamais le qualifier de chef-d’œuvre mais je peux dire qu’il s’agit, en effet, d’une grande fresque cinématographique qui aujourd’hui encore à conserver sa splendeur visuelle et sa grandeur. Pour tout ce que j’ai à lui reprocher, ce film reste une prouesse technique qui sait offrir de sublimes images, ce malgré quelques incohérences visuelles provoquées par les divers soucis de production. Ce film est beau !


Et il n’est pas seulement beau ; malgré ces 4h, il parvient à narrer une histoire qui reste cohérente, avec un rythme suffisamment bien géré pour permettre à ces 4h de passer comme une lettre à la poste. Un film qui parvient à nous représenter la chute d’un monde et ses conséquences tragiques sur des personnes désabusées, se retrouvant dans un monde dans lequel ils n’ont jamais été préparé. Ainsi, la galerie de personnages est vraiment intéressante : la jeune belle du Sud qui doit se battre et qui bouscule les conventions pour survivre, le cynique qui survit en ne poursuivant qu’une seule cause : la sienne, le jeune (en théorie, mais gâché par un mauvais choix de casting) homme se retrouvant dans un monde d’après-guerre auquel il n’est pas préparé à vivre,… tous étant lié à un ultime personnage, le Sud, et sa chute. Une construction narrative et scénaristique forte et intéressant…n’eut été cet ultime personnage qu’est le Sud.


Je ne suis pas historien et n’est jamais prétendu l’être, cependant, je pense pouvoir dire sans trop me tromper que le Sud, dans ce film, est idéalisé. Une terre de chevalier, un rêve éteint, tant de qualificatif que le film ne se gênera pas d’employer pour idéaliser ce royaume aujourd’hui disparu. Evidemment, cette idéalisation me dérange légèrement puisque on parle quand même d’une terre en grande partie esclavagiste mais qu’on nous demande de prendre en pitié. A cela on pourrait me rétorquer que ce film ne fait que prendre le point de vue des sudistes, ce que je peux comprendre et qui est défendable, et qu’il est donc compréhensible que ce soit idéalisé. Sauf qu’il y a adopter un point de vue et le valider, or ce film fait les deux, non pas uniquement par une idéalisation du Sud mais en ne la remettant pas en cause. Pire, cette idéalisation est contrastée par une représentation des « Yankees », symboliquement diabolisés lorsqu’ils détruisent un vitrail représentant le Christ durant l’attaque d’Atlanta, mais ils ne sont jamais bien représentés quoiqu’il arrive.


Ce film idéalise le Sud et ne se remet jamais en question mais le pire reste à mon avis la représentation des noirs, et de la communauté Afro-Américaine en général.


Pour être claire, je trouve cette représentation des Afro-Américains à vomir. Outre les esclaves TOUS heureux de leur condition d’esclave, il faut aussi soulever le fait qu’ils ne sont jamais représentés à leur avantage, à l’image du personnage de Prissy, un immonde cliché raciste sur pâte. La seule qui s’en sort bien est évidemment le personnage de Mamma, encore que l’on pourrait débattre de sa docilité qui la rend fort satisfaite de sa condition.


Je peux comprendre que l’on accepte cette vision idéalisée du Sud, qui permet au film cette force scénaristique déjà évoqué même si, à mon sens, cela ne justifie pas d’idéaliser le Sud. Mais je ne pourrais jamais accepter cette odieuse représentation des noirs dans ce film.


Mon dernier gros reproche au film, c’est une des bases de sa renommée : une des plus grandes romances du cinéma (certains disent même « la »). Je trouve que ce film ne mérite absolument pas ces mots. Qu’avons-nous comme romance : la romance d’une jeune du Sud, éperdument amoureuse d’un homme qu’elle n’aura jamais, avec un cynique qui fera tout pour obtenir l’amour de la belle du Sud. Un amour qu’il finira par obtenir, un enfant en prime (magnifiquement mal interprété au passage), pour une durée très limité. Un amour très relatif qui semble plus motivé par les perspectives financières qu’offrent le fiancé, pour une romance compliquée qui s’achèvera par le départ du cynique.


En somme, c’est une romance mais pas ce que j’appelle une belle romance. Elle est mignonne, notamment par le jeu auquel les deux se livrent tout le long du film, mais elle s’avère bien courte et très fragile, surtout rendu relative quand on sait que la belle du Sud se marie assez facilement (toujours par intérêt) et qu’on parle quand même d’une, j’ose le dire, connasse. Une connasse forte, qui parvient à se débrouiller dans un monde ou beaucoup ne trouvent pas leur place, mais aux méthodes plus que discutables.


On pourrait parler d’un amour impossible, même si cela s’applique davantage à Scarlett et Ashley, certains ayant relevé que cet amour se joue à contre-temps, l’un étant amoureux de l’autre quand l’autre ne l’est pas. Je peux le concevoir mais ça n’en fait, à mes yeux, pas une des plus belles romances du cinéma.


Je pense qu’il est maintenant assez clair du pourquoi je ne peux voir ce film comme un chef-d’œuvre. Pour autant, je ne peux lui enlever les qualités déjà évoquées ainsi que son incroyable musique. Je ne peux lui enlever que j’ai passé un bon moment devant ces 4h malheureusement parasité par les points évoqués plus haut.


Voyez donc mon désappointement, j’ai aimé un film véhiculant des clichés qui me débectent et une vision d’un monde que je suis loin de partager mais un film possédant des qualités certaines.


Malheureusement, SC impose une note pour accompagner les critiques or j’ai du mal à trouver une note qui exprime au mieux mon ressenti. Je choisis donc la neutralité (5/10) auquel je rajoute un point pour tout de même signifier le non-déplaisir que fut mon visionnage.

Capitaine-CLG

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