Comme beaucoup de fans du premier méfait du duo Maury/Bustillo, "A l'intérieur", j'attendais beaucoup d'"Aux yeux des vivants" après la semi-déception qu'était "Livide", un film qui voulait multiplier les genres au point de ne plus savoir sur quel pied danser même si la présence de Pietragalla était plutôt une bonne surprise. Avec "Aux yeux des vivants", c'est le poids des références qui affaiblit tout le film et l'écriture au rabais, paresseuse ; sans compter des dialogues plutôt convenus et une direction d'acteurs faiblarde, le film est très vite pénalisé. Le préambule (gore à souhait) déçoit pour les mêmes raisons et frôle presque le ridicule et n'indique pas une direction rassurante. D'autant que Maury/Bustillo nous gratifient d'un trauma du padre qui n'aura pas suite. Frustrant ! Le film perd du temps et lorsque il passe enfin à la vitesse supérieure, on assiste enfin à quelque chose de flippant : la longue scène de home invasion de la troisième famille est un régal car c'est exactement ce qu'on attend du duo, du gore violent et radical. Seulement, la fin approche déjà alors que le film commençait enfin à captiver. Et pourquoi avoir occulté le meurtre des enfants ? Ça nuit complètement à la compréhension du récit.
La structure du film, sa mise en scène décousue frustre jusqu'à la moelle ; on voudrait leur demander de retourner en salle de montage, d'épurer la première partie et de soigner la fin (ici, elle est expédiée et peine à surprendre) ; bref, de revoir leur copie. Et puis faut arrêter les gars de nous coller systématiquement un orage pour faire monter la tension, ça n'apporte rien du tout ; c'est un procédé qu'on ne peut plus nous resservir. Pareil pour le vieux film d'horreur que le gamin regarde avec sa nounou. "Aux yeux des vivants" est truffé de déjà-vus. Citons pêle-mêle : le vieux domaine abandonné (ça marche très bien dans "la colline à des yeux", ici on y croit pas du tout), "E.T. l'extra-terrestre" (et oui, le masque de clown parmi les peluches ça rappelle quelque chose), un peu de "Stand by Me" ou l'ennui guète tant les dialogues sont quelconques et vulgaires, le bad mother fucker qui semble sortir tout droit de "Creep" ou de "The Descent" (sans les canines limées et affutées). Oubliez vos classiques les gars, oubliez le savoir-faire américain, soignez l'écriture, les dialogues, la mise en scène. C'est pas parce qu'on maitrise le gore qu'il faut négliger le reste. On a besoin de vous, vous n'êtes pas nombreux à faire des films de genre mais arrêtez de les saboter.
PS : pourquoi introduire rapidement un personnage flippant comme Mlle Duroche (Dominique Frot) laide et castratrice comme la salope qui m'a pourri une partie de ma scolarité si on n'est pas amené à la recroiser ? C'est totalement gratuit alors qu'elle campe un film d'horreur à elle seule.