Baden Baden raconte avec beaucoup d'humour et de finesse un courte étape dans la vie d'une jeune femme : le moment où étiquette du "jeune actif" est posée, celle qui t'enjoint d'aller au charbon, de te trouver un boulot, d'avoir compris comment le monde tourne et de t'insérer dans la grande mécanique des choses. Il montre l'étiquette qui t'impose de t'effacer derrière les enjeux plus grands, mettre de côté tes principes, tes ambitions, tes désirs, et ta propre réalisation en faveur du grand tout.
Baden Baden raconte ça, et raconte pourquoi à 26 ans, on a toutes les bonnes raisons de choisir de ne pas prendre de décision, d'envoyer balader l'ordre d'être sérieux quand on se fait gueuler dessus par un patron colérique ou d'ignorer l'adulte qui pense mieux savoir ce qui est bon pour toi que toi. Baden Baden raconte comment on peut avoir envie de fabriquer une salle de bains pour sa grand mère, histoire de faire quelque chose d'utile de ses mains, plutôt que subir 8 heures par jour les collègues qui t'expliquent qu'on est une jeunesse capricieuse-exigeante-stagiaire-roi qui va bien finir par rentrer dans le rang, et que c'est le figaro qui l'a dit.
L'écriture très dense, l'interprétation juste des personnages comme sa réalisation et sa photo impeccable donnent envie de fouiller Baden Baden pour trouver tout ce qu'il a à raconter sur Ana et sur nous, histoire de se rappeler qu'on à bien le droit d'être un jeune exigeant et intransigeant, même si on est pas bien sûr de savoir à quel sujet.