En juin 1950, des unités militaires de Corée du Nord franchissent le 39ème parallèle, puis Séoul au Sud est prise ; à la demande des Nations Unies, l'armée américaine intervenait pour soutenir la Corée du Sud contre les troupes communistes du Nord. C'était le début de cette guerre peu ordinaire dont personne ne sortirait réellement vainqueur.
Dès 1951, cette guerre de Corée qui concerne surtout les Américains, allait trouver une expression cinématographique aussi intéressante que celle portant sur la Seconde guerre mondiale, et même saisissante avec Baïonnette au canon. C'est la guerre filmée avec un réalisme hallucinant par un maître du genre, auteur de 2 films admirables cette même année 1951, l'autre film étant J'ai vécu l'enfer de Corée, ils ont beaucoup en commun, notamment un très faible budget et leur sujet.
Dans Baïonnette au canon, une petite unité américaine mène un terrible combat d'arrière-garde et voit ses officiers et sous-officiers tomber un à un, jusqu'à ce qu'un caporal reste le seul galonné devant prendre le commandement de cette unité, en dominant sa peur pour survivre. Fuller fait preuve d'un réalisme inhabituel à cette époque et d'une grande sobriété en faisant partager au spectateur la situation désespérée de son héros, assailli par le doute, meurtri par le froid, tenaillé par la peur et guettant l'ennemi dans un univers atroce. Rarement le comportement de l'homme en guerre aura été dépeint avec une telle vérité.
Tourné dans des décors sobres, sans grands effets spectaculaires, sans grandes scènes de combat acharné, sans vedette, et avec un budget ridicule de 100 000 dollars, ce film est une réflexion sur la peur qui envahit peu à peu un soldat, c'est un huis-clos qui devient un véritable enfer, et l'interprétation de Richard Basehart dans le rôle du caporal est tout à fait remarquable ; il est bien secondé par d'autres bons seconds rôles comme Gene Evans (acteur fétiche de Fuller) et Skip Homeier qui campent des soldats fatigués, sales, mal rasés mais animés d'une farouche volonté. Un film essentiel sur cette guerre.

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le 23 mars 2018

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Ugly

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