Le Miroir
Avec Barbara, Mathieu Amalric s’échappe d’une écriture linéaire et décale le genre du biopic vers des sphères plus spectrales et éclatantes. Alors que Jeanne Balibar incarne les traits de la...
Par
le 10 sept. 2017
39 j'aime
3
C'est en traînant les pieds que je m'en suis allé voir le nouveau film de Mathieu Amalric. Je l'avoue, je n'ai jamais aimé aucun de ses précédents longs métrages ( en tant que réalisateur). Mais, si je ne suis pas un fan absolu de Barbara, Jeanne Balibar par contre m'a toujours impressionné par sa gestuelle, sa diction, son côté un poil baroque ou barré. Malgré tout, je m'attendais à me raser copieusement, surtout que la bande annonce vue et revue depuis un mois, donnait au film une image nettement intello. Résultat de la projection : le film m'a fasciné,... ce qui n'avait pas l'air d'être le cas des nombreux spectateurs qui repartaient en grognant et vitupérant contre un cinéma français masturbatoire et incompréhensible.
Il faut être franc, si vous prenez un billet pour qu'on vous raconte la vie de Barbara à la manière d'un téléfilm bien planplan, vous serez sans doute très déçu. D'ailleurs, je ne suis pas certain ( et je suis même sûr) que ce n'est pas le réel sujet du film. "Barbara" ne raconte pas vraiment quelque chose, même si on assiste au tournage d'un film sur Barbara dont le metteur en scène est un fan absolu et dont l'amour va se dédoubler à cause de la comédienne qu'il a engagé. Cette comédienne qui joue la grande dame brune, c'est Jeanne Balibar. Le metteur en scène, c'est Mathieu Amalric, son ex compagnon à la ville. Le film, c'est une déclaration d'amour à Jeanne Balibar qu'il masque dans une évocation de Barbara. D'ailleurs, dès le générique ( très original), le ton est donné. Apparaissent sur l'écran de grandes lettres rouges clignotantes B A B R. On se dit que le nom de la chanteuse va envahir l'écran... mais non, c'est finalement BALIBAR qui s'offre au spectateur. Première mystification. Et ce ne sera pas la seule, car durant tout le film, le jeu continuera. En mêlant très habilement images d'archives et images de cinéma ainsi que la bande son, on ne sait plus si l'on voit Barbara ou Balibar. L'illusion est constante, vivifiante, poétique, amoureuse. Alors qu'importe que la chronologie soit éclatée, préférant évoquer la chanteuse ( mais aussi sans doute la comédienne) par des touches impressionnistes délicates, jamais surlignées, dans un tourbillon de scènes magnifiquement cadrées, jouant avec les miroirs, l'écran, les écrans, la mise en scène est magnifique et porte le film vers les sommets. Cela pourrait faire exercice de style maniéré, mais c'est tout le contraire, c'est la juste distance pour magnifier l'univers et le mystère d'une chanteuse ( d'une comédienne ? ). Mathieu Amalric s'avère ici comme un fin connaisseur du cinéma dans toutes ses dimensions, aussi bien techniques que narratives et donne à Jeanne Balibar l'occasion de montrer la formidable comédienne qu'elle est, en nous offrant ici une interprétation hallucinante.
http://sansconnivence.blogspot.fr/2017/09/barbara-de-mathieu-amalric.html
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 10 sept. 2017
Critique lue 704 fois
1 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Barbara
Avec Barbara, Mathieu Amalric s’échappe d’une écriture linéaire et décale le genre du biopic vers des sphères plus spectrales et éclatantes. Alors que Jeanne Balibar incarne les traits de la...
Par
le 10 sept. 2017
39 j'aime
3
Que mon attente fut insoutenable. Barbara, une envie enfin assouvie qui illustre, une fois encore, le talent que possédait cette exceptionnelle chanteuse. C'est durant l'été que je l'ai visionné en...
Par
le 3 juil. 2017
33 j'aime
7
En plus d'être ma chanteuse préférée, Barbara était aussi une femme incroyable, sombre et torturée comme ses magnifiques chansons l'attestent. Elle fait partie, avec Brel pour ne citer que lui, de...
Par
le 7 sept. 2017
31 j'aime
6
Du même critique
Il y a des jours où j'ai honte, honte d'être incapable d'apprécier ce qui est considéré comme un chef d'oeuvre par le commun des mortels. A commencer par mon libraire spécialisé BD qui m'a remis...
Par
le 31 déc. 2011
34 j'aime
7
J'ai vu le chef d'oeuvre de la semaine selon les critiques. Hé bien, ils se sont trompés, c'est un navet et un beau ! Cette fois-ci, ils ont poussé le bouchon tellement loin qu'ils risquent d'être...
Par
le 28 août 2013
25 j'aime
18
Je le dis d'emblée, je n'ai jamais été fan du cinéma de Mr Desplechin. "Les fantômes d'Ismaël" confirment que je ne parle pas et ne parlerai jamais le "Desplechin" comme se plaît à dire le...
Par
le 18 mai 2017
24 j'aime
1