Batman Begins par Francis Janvier
La réinterprétation du célèbre comic par Christopher Nolan, sans être aussi prenante, percutante et époustouflante que le second volet de la trilogie, permet néanmoins d'établir des bases solides sur lesquelles The Dark Knight s'appuiera. Le gros point négatif de Batman Begins, c'est qu'il a pour lourde tâche, justement, de tout introduire, de présenter les origines de Batman, plutôt que de simplement les esquisser comme l'avait fait Tim Burton. Du coup, le film fait surtout office de très longue introduction, et si les origines du Chevalier Noir sont brillamment mis en scène (notamment ces scènes d'introduction des divers gadgets du héros), il en est tout autre pour l'intrigue autour des ennemis de Batman, à savoir l'Épouvantail et Ra's Al Ghul, qui ne font pas grand chose à part être méchants. La faute au fait que la moitié du film sert à expliquer la "construction" de l'alter ego de Bruce Wayne, et que l'autre moitié cherche de façon assez artificielle à mettre un obstacle sur la route de Batman. Au final, cette facette de l'intrigue est traitée de façon plutôt superficielle, et même Liam Neeson fait bien pâle figure à côté de Heath Ledger. Néanmoins, Batman Begins était un passage obligé et totalement assumé par Nolan, qui en a fait une gigantesque intro à son chef-d'oeuvre, The Dark Knight. Et pour une simple intro, il faut reconnaître que c'est sacrément impressionnant. Le casting est brillant, l'esthétique sombre et réaliste du film donne une atmosphère qui sied bien à l'univers de Batman tout en tranchant radicalement avec celui de Burton (ou Schumacher...), et la bande-son signée Hans Zimmer donne un constant sentiment d'intensité et de grandeur au métrage, bien qu'elle soit peut-être un peu trop envahissante par moment. Bref, Batman Begins est une belle réussite, malgré des problèmes évidents mais nécessaires. Il brille surtout par la façon majestueuse avec laquelle sont racontées les origines du héros masqué, avec laquelle est introduit l'univers massif qui permettra, quelques années plus tard, de présenter l'un des blockbuster les plus mémorables de tous les temps.