Un titre médiéviste qualifiant un univers pourtant si futuriste. Mon merveilleux titre a toutefois l'avantage de mettre en lumière le véritable enjeu du film : faire de Terry McGinnis un véritable Batman. Malgré son statut de film, cette œuvre est en réalité indispensable à la série tant elle place un point d'orgue à l'univers ainsi qu'au développement de ses personnages, d'autant plus que le regarder, en plus d'être certain de voir un véritable bijou, vous permettra de mieux saisir mes quelques lignes.


Le principal propos du film réside surtout dans l'évolution de Terry McGinnis qui va se faire grâce à la figure du Joker. La première scène place directement le film dans le sillage de sa série : Terry s'occupe des délits de la ville, ici commis par le gang des Jokerz, tout comme la saison 2 le représentait, et qui nous permettait de bien nous introduire au quotidien du second Batman. Le film se place donc dans la lignée de la série. Personnellement, au vu de la première et seconde saison, j'avais peur que Terry McGinnis ne soit pas un Batman mais plus un Robin, sans arrêt guidé, commandé par Bruce, lequel réalise essentiellement le travail d'enquête, et décide où intervenir ; et, c'est ici que le film rompt avec la série, pour mettre en scène une véritable évolution de Terry. Cette évolution s'effectue selon plusieurs points ici listés pour vous, par votre serviteur que voici.



● Figure de détective.



À l'instar de Bruce Wayne, Terry McGinnis devient véritablement détective, figure propre à Batman, qui, alliant technologie et déduction, cherche des moyens d'actions pour retrouver, comprendre, et neutraliser ses ennemis. Cette figure de détective, manquante dans la série, n'était uniquement représentée que par le biais de Bruce Wayne et participait donc à une représentation d'un Batman ressemblant plus à un Robin qu'à un Batman à part entière, en cela qu'il ne faisait que suivre les instructions de Brucie. Terry faisant usage de sa matière grise, de ses capacités de déduction, se place dans un premier temps dans la lignée d'un véritable Batman.



● Figure solitaire.



En soit, la figure solitaire d'un Batman n'est pas véritablement un point fondamental du personnage. Toutefois, après les nombreuses péripéties arrivées à Bruce, cette dimension solitaire du personnage que Terry se devra de porter, montre un Batman qui vole de ses propres ailes : il devient Batman tout au long du film et encore plus lors de ces scènes. Il porte le poids qu'avait autrefois Batman de combattre ses ennemis, seul, en plus de n'être guidé par personne d'autre que lui-même. La monotonie installée dans la saisons 2 ainsi que dans l'ouverture du film, se brise ici complètement montrant l'évolution du personnage de Batman, qui n'était jusque-là, qu'une sorte de Robin qui n'en avait pas le nom ; et dès lors, ajoute une dimension déjà présente dans celle de Batman, à savoir celui qui se dresse, seul, contre le crime et se plaçant entre l'ultime et fine frontière qu'il y a entre criminel et sauveur. De plus, montrer un Terry qui agit seul et par lui-même, unique artisan d'un nouvel ordre, vient le placer dans la dernier étape de son apprentissage de Batman.



● Terry se définissant par rapport à Batman.



L'évolution de la relation entre Terry McGinnis et Bruce Wayne se révèle dans de riches dialogues tout aussi intéressants dans la version FR que dans la VO. Le spectateur entre véritablement, grâce à ces échanges, dans l'intimité du personnage de Terry :



  • « Mon être entier réclame justice. »

  • «  Tout en moi n'est pas réglé. »


dont nous savourerons l'emploi du mot « régler » permettant de jouer sur deux sens : « réglé » suivant l'idée que ses problèmes sont réglés [GIGA GROS SPOILER DE BATMAN JUSTICE LEAGUE] == et « réglé » dans le sens où


il serait réglé comme se devant d'être Batman, étant lui même le fils biologique de Bruce Wayne.



  • « C'est la façon pour moi de devenir un être humain valable, à mes yeux si ce n'est au votre »'


Dans cette réplique, Batman acquière une toute nouvelle dimension, à savoir, l'idée d'un Batman comme d'une figure permettant la rédemption de soi. Ces scènes de dialogue entre Terry et Brucie permettent de montrer la relation qu'entretiennent Terry et Batman, et son image de Batman. S'il affirme ça, c'est qu'il n'est, en réalité, pas (encore) Batman. Tout au long du film, Terry réalise un apprentissage et un redéfinition philosophique du concept de Batman.



● La métaphore de la prise de flambeau.



Scénaristique, le retour du Joker coïncide avec le retour de Bruce Wayne à la tête de son entreprise. Le Joker et Bruce sont montrés comme étant totalement liés, ( Bruce étant surtout l'image d'un Batman vieilli ) ; l'un amène l'autre. Dès lors, Terry McGinnis qui s'interpose entre cette relation de rivalité, où Bruce ne peut plus lutter en raison de son grand age, s'inscrit dans la lignée de Batman. Le Joker moins qu'un antagoniste emblématique, est l'incarnation du code de Batman : ne jamais tuer. Son but, depuis toujours et durant le film, notamment lors du flashback, est de pousser Batman à le tuer. Ainsi, Terry McGinins s'occupant du Joker après un Bruce Wayne mis hors course lors du film, forge non seulement l'image d'un Batman mais aussi d'un Batman qui hérite de son code philosophique. Mettre en scène Terry affrontant le Joker, présente métaphoriquement Terry prendre le flambeau de Batman tant il doit se confronter à ce que son code philosophique et moral a engendré, tout en étant le revers de la médaille de Batman : la Folie.


Impossible de ne passer mentionner le problème de Tim Drake en évoquant la métaphore de la prise de flambeau dans le rôle d'un nouveau Batman. D'une part, tout comme l'est le Joker, la figure d'un mini-Joker issu de Robin met magnifiquement bien l'idée que le Joker est engendré par Batman ; dès lors Tim Drake, un personnage intime à Brucie, est montré comme étant la conséquence direct du code de Batman, code qui l'empêche de sombrer dans la folie pour devenir ce que ces ennemis sont. D'autre part, revenir sur cet événement ou du moins l'évoquer permet de montrer un Terry McGinnis qui réussit où Batman avait échoué. En creusant un peu, on peut voir dans le rire final de Tim Drake ayant tué le Joker, après avoir tiré une première fois sur Batman, un rire qui fonds dans un même son, traumatisme, haine et dédain (envers Bruce) qu'engendre la dur responsabilité « d'être Batman » ; et fait écho au refus catégorique de Bruce Wayne, refusant le costume à Terry McGinnis. Ainsi, par cette arc venant faire écho au début de Terry, il « mérite » ou plutôt obtient de droit son costume, après l'avoir volé. (épisode 1)



● Terry McGinnis comme Batman, mais tout autre. (clé et génie du film)



Dans le jeu Batman Arkham Knight, Batman est qualifié par ses ennemis comme prévisible, en raison de son code philosophique et moral de ne jamais tuer. Et, Terry annonçant à Batman, au sujet de la mort du Joker : «  Il allait commettre quelque chose de terrible et vous n'avez pas eu le choix. » montre en réalité le problème, Terry annonçant ceci révèle qu'il ne saisit pas Batman, il n'a rien compris puisque l'idée de Batman est qu'on a toujours le choix, celui de ne jamais tuer ; et , ceci est la composante principale du concept de Batman. Dès lors, après avoir annoncé ce que n'était pas Batman, Terry s'affirmera comme un tout autre Batman et les dernières scènes du film le montrent dans les dialogues. Le Joker, lui, refuse de considérer Terry comme Batman « Batfake ». Toutefois, pendant absolument toute la scène de confrontation entre le Joker et Batman, Terry va s'affirmer comme étant un pleinement Batman,


de par sa capacité à tenir tête au Joker, à le démasquer et à le mettre hors d'état de nuire


 ; mais d'autant plus comme étant un Batman à part entière, c'est à dire un Batman autre, différent de Bruce Wayne. La question du rire est essentiel ici
« - how dare you laugh at me »


Terry McGinnis, base sa stratégie pour vaincre le Joker sur le rire en se moquant de lui (scène merveilleux en FR où on croirait que Terry incarne, pendant quelque secondes, le rôle d'un vilain)


, ce que n'aurait jamais fait Bruce Wayne. Enfin, Terry McGinnis, à l'ultime moment de la confrontation,


y mets fin, et ce, alors que le Joker a enlevé son masque.


Et, cette scène est véritablement pleine de sens :


ce n'est pas le Batman connu qui a mis fin au Joker, mais, véritablement Terry McGinnis, en tant qu'autre Batman


, par des ressort qui lui son propre ; s'affirmant ainsi, comme étant Batman, avec une scène ultime qui fait écho à la mort du Joker, il remet son masque : le flambeau est soulevé. Un chevalier nait.

Elysleigh
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le 25 oct. 2019

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