Avec Beasts of No Nation, Netflix vient de frapper un grand coup. Habitué à proposer des séries originales et de qualité, le mastodonte diffuse pour la première fois un long métrage sur sa plateforme. Netflix n’a pas financé le projet mais a plutôt fait l’acquisition des droits de diffusion et au regard de la qualité de ce dernier, il ne subsiste aucun doute quant au développement du géant du streaming sur ce format. Beasts of No Nation a tout de même été projeté dans quelques salles américaines...
Le film est une énorme claque dont la sortie non prévue dans nos salles obscures est fort regrettable tant ce métrage aurait marqué par son empreinte et son identité. Tout d’abord par l’indéniable qualité de l’adaptation de Cary Fukunaga où l’on ne décèle aucun écart inutile, c’est tout simplement efficace et réussi tant le sujet traité était difficile. Comment aborder la question d’enfants-soldat sans tomber dans du pathos exagéré ? Ce qu’accompli ce long métrage est très abouti tant on ressent en permanence, malgré le contexte, l’innocence et la candeur inhérentes de ces jeunes enfants...
Le visionnage est viscéral, authentique et poétique. Ce sentiment est notamment servi par l’éblouissante mise en scène de Fukunaga. Sa réalisation stylisée et quasi contemplative n’est pas sans rappeler Terrence Malick à l’heure de ses plus grande œuvres. Impossible de ne pas évoquer The Tree of life lorsque le jeune Agu interpelle Dieu et sa famille en voix off. Les interrogeant sur les raisons des horreurs dont il est à la fois la victime, le témoin et malheureusement l’auteur. Une autre facette « Malickienne » se retrouve aussi dans des moments hallucinés de contemplation absolument époustouflants...
Malgré un sujet délicat, le réalisateur s’en tire à merveille grâce au rôle taillé sur mesure pour Idris Elba et au jeune Abraham Attah (Abu), qui, à 14 ans seulement, montre l’étendue de son talent. Un film dur et bouleversant !!!