Un film mortellement drôle... (pas comme mon jeu de mot)
"BEETLEJUICE ! BEETLEJUICE ! BEETLEJUICE !"
Telle est la triple exclamation désormais célèbre censée appeler un être surnaturel à la fois peu recommandable mais aussi irrésistible pour ses excès. Au même titre que le moins connu Candyman, autre revenant bien plus sanguinaire dont l'invocation est très similaire, son nom est énoncé trois fois. Et au même titre que le croquemitaine au crochet, Beetlejuice a depuis longtemps atteint le panthéon des icônes de cinéma horrifique... tout en étant devenu une toute aussi majeure figure humoristique ! Car tout mort-vivant qu'il est, c'est un personnage sacrément drôle : à la fois fantôme lourdingue, obsédé sexuel bien vicelard, boute-en-train potache et sorcier redoutable, c'est un véritable phénomène qui culmine l'excellente galerie de personnages d'un film auquel il ne donnera que finalement son nom au titre.
Réduire Beetlejuice à cet excellent et démoniaque énergumène serait cependant bien injuste car son nom renvoie aussi à tout un univers aussi riche qu'hilarant. Gothique, morbide, fantaisiste et déjanté, cet univers est peuplé de fantômes délicieusement loufoques qui côtoient et interfèrent avec des vivants délicieusement caricaturaux. A l'image du pittoresque "Guide des nouveaux décédés", sorte de "La Mort pour les Nuls", tout ce monde n'est que décalage et vaste plaisanterie sur un sujet pourtant sérieux et on-ne-peut-plus grave.
Par ailleurs, Beetlejuice c'est aussi le style naissant d'un cinéaste de génie. Avec ses décors et son design typiques, ses personnages étranges et farfelus, sa noirceur teintée de fantaisie et de poésie, c'est le premier chef d'oeuvre d'un artiste majeur du septième art. Et c'est aussi la révélation au monde d'un acteur absolument magistral dont on peut déplorer un trop petit nombre de bons rôles et une actuelle traversée du désert qu'on espère bientôt finie...
Beetlejuice, c'est donc une oeuvre très conceptuelle, savoureux mélange de comédie familiale et de film d'horreur, qui porte le nom d'un de ses personnages secondaires particulièrement mémorable. Ce dernier devenant l'emblème d'un monde post-mortem fantaisiste génialement imaginé et abouti. Et le faux héros d'un film dont il est bien difficile de se lasser !