Dérangeant, réaliste, touchant. On est ici spectateur d'injustices d'un système qui a clairement des limites trop étroites pour une enfant hors normes comme Benni, comme il y en a plus qu'on le croit en réalité. Elle est aussi violente qu'elle souffre, si bien que personne n'arrive réellement à la prendre en charge convenablement, elle est "trop". Trop jeune pour se réparer elle même, trop difficile à gérer pour les intervenants qui sont en charge de la protéger. Trop dangereuse pour les autres, mais aussi pour elle même. Trop cassée pour ne pas hurler. Pourtant elle est saisissante et attendrissante, du haut de ses 9 ans.
C'est dans la capacité à nous faire ressentir tout cela que réside l'esthétisme de ce film selon moi, ainsi que sur le réalisme donné aux scènes et la manière que certaines ont de vous happer à travers votre perception sensorielle afin de vous plonger dans la douleur que peut ressentir cette enfant.
Le scénario et les moments mis en avant, m'évoquent une anamnèse de patient, on est axé sur la psychologie du personnage et ce qui l'a construite ainsi, même les autres protagonistes sont présents au ratio de ce qu'ils représentent pour elle, que ce soit de manière explicite ou implicite.
Un film qui m'a remué voir même ramené à ma propre histoire par moments, pas mal pour exorciser certains de nos traumas et s'interroger sur les conséquences des adultes sur la vie d'un enfant et sur ce qu'il y a entendre derrière une tel tourbillon de violence, sans pour autant la cautionner.