Quatre années après leur premier film Rabies, le duo israélien Aharon Keshales et Navot Papushado reviennent avec Big Bad Wolves un thriller violent et teinté d'humour noir.
L'histoire prend place dans une petite ville d'Israël qui voit son quotidien chamboulé par les frasques d'un criminel qui kidnappe, viole et tue des petites filles selon le même rituel.
La police impuissante, arrive toujours trop tard et n'est que triste spectatrice des corps sans tête laissés par le meurtrier.
Nous ne verrons qu'un kidnapping, celui de la fille de Gidi (Tzahi Grad) un homme d'une cinquantaine d'années. Ce dernier, rongé par la douleur, décide de se faire vengeance et kidnappe à son tour le principal suspect, Dror (Roteim Keinan), un professeur de théologie. Pour ce faire, il est épaulé par un policier, Miki (Lior Ashkenazi) aux procédures peu orthodoxes.
Le trio se retrouve alors dans une petite maison éloignée de tout et commence ainsi un interrogatoire plutôt sanglant...

Big Bad Wolves révèle dès les premières séquences nombre de références cinématographiques. On pense au sud-coréen Park-Chan-Wook pour l'esthétique travaillée tant au niveau de la mise en scène que du montage, à Tarantino bien sûr qui a lui-même encensé le film, ou encore au plus récent Prisoners de Denis Villeneuve pour la thématique prépondérante du film.
Si efficace soit-il, le film ne brille pas par son originalité mais se contente de répondre plutôt sagement aux codes du thriller de vengeance.
Les personnages sont attendus et ne s'épanouissent que dans les cases définies par le genre.

Le plus du film vient sans aucun doute de la nationalité des deux réalisateurs qui n'hésitent pas à se moquer de leur propre culture. Cela permet de belles respirations au film et ouvre d'autres champs de réflexions aux sempiternelles questions sur le droit de se faire justice soi-même. La fameuse loi du Talion est-elle réellement applicable dans nos sociétés ? Les juifs ont-ils raison de se sentir sans cesse persécutés ?
A travers le personnage du père de famille transformé à son tour en meurtrier froid et assoiffé de vengeance, Aharon Keshales et Navot Papushado n'hésitent donc pas à critiquer Israël mais, ils le font à travers le filtre de l'humour noir, trait caractéristique du cinéma tarantinien.

Le huis-clos fonctionne, porté par de bons acteurs vraisemblablement impliqués dans leur rôle. La caméra se promène et nous épargne souvent (et heureusement!) les coups trop sanguinolents.
Malheureusement, le scénario pèche par son manque d'originalité, ses retournements attendus qui finalement peuvent faire paraître le temps long au spectateur déjà adepte de ce genre de cinéma.
Aharon Keshales et Navot Papushado sont pleins de promesses, il leur reste à affirmer leur style pour ne pas tomber dans le déjà vu.
A voir pour le divertissement et les quelques scènes vraiment réussies, à éviter si vous vous attendez à une claque cinématographique.
SarahLehu
5
Écrit par

Créée

le 30 juil. 2014

Critique lue 213 fois

Sarah Lehu

Écrit par

Critique lue 213 fois

D'autres avis sur Big Bad Wolves

Big Bad Wolves
trevorReznik
4

Critique de Big Bad Wolves par trevorReznik

Il faut toujours se méfier des buzz autour d'un film. Surtout lorsqu'ils précèdent leur sortie en salles. C'est "le meilleur film de l'année 2013" pour plein de monde, dont Quentin Tarantino. Rien...

le 2 juil. 2014

17 j'aime

Big Bad Wolves
cinewater
5

Critique de Big Bad Wolves par Ciné Water

On peut dire que Big Bad Wolves a su se vendre. Omniprésent sur Senscritique en ce dimanche 29 juin, quand j'écris ces lignes, on retiendra surtout l'alléchante phrase présente sur son affiche "Le...

le 29 juin 2014

17 j'aime

Big Bad Wolves
cinevu
7

Petit Chaperon rouge cours...

Drôle et macabre, un film dérangeant qui nous parle de torture, de crimes atroces, de pédophilie, de la culture juive, des arabes et le tout avec un regard cynique et impitoyable. C’est un bijou de...

le 26 avr. 2014

17 j'aime

8

Du même critique

Hippocrate
SarahLehu
7

Critique de Hippocrate par Sarah Lehu

Qui n'a jamais entendu autour de lui des anecdotes drôles, crues, surprenantes et émouvantes sur la médecine ? L'hôpital est nul doute l'un des lieux les plus représentatifs de la société et c'est...

le 10 sept. 2014

7 j'aime

2

Il était temps
SarahLehu
3

Critique de Il était temps par Sarah Lehu

Dix après la réalisation de sa première comédie romantique Love actually et après un passage dans le monde déjanté des radios pirates rock n'roll de Good Morning England (2009), Richard Curtis...

le 20 nov. 2013

7 j'aime

1

Gravity
SarahLehu
4

« Ma bouze oui, mais dans l'espace et en 3D »

Un mot sur « l'époustouflant Gravity » le chef-d'oeuvre incontesté et incontestable de la décennie voir du siècle si l'on en croit certaines critiques dithyrambiques... Que les choses soient claires,...

le 30 oct. 2013

7 j'aime

6