Bird Box
5.8
Bird Box

film de Susanne Bier (2018)

Voir le film

Sur le papier, c'est prometteur: un mal inconnu décime la population mondiale, les gens sont pris d'une folie suicidaire dès qu'ils ouvrent les yeux à l'extérieur, et sont donc obligés de vivre cloîtrés chez eux. Une poignée de survivants se retrouvent par la force des choses à l'abri dans la maison d'un ricain acariâtre et individualiste façon Eastwood dans Gran Torino. 5 ans plus tard, par un jeu d'ellipses, l'on suit une des survivantes qui se retrouve sur une rivière brumeuse sans fin, à la recherche d'un but inconnu avec ses deux enfants.


Hélas, d'abord visuellement, c'est assez vilain, ça ressemble au début à n'importe quelle série générique à la NCIS avant de virer au sombre bleuâtre générique. Et si j'étais cynique je dirais que le contexte ressemble un peu malgré lui à une blague de toto (alors c'est l'histoire d'un asiatique, d'un noir et d'un indien qui sont dans un bar). D'autant plus que le film essaye de donner de la consistance à ses personnages sans que cela n'ait jamais d'importance sur la suite de l'histoire ou qu'on ait le temps de s'attacher à eux, ou même que eux aient le temps de lier des liens entre eux, c'est dire. Finalement, le meilleur personnage du film est peut-être la rivière elle-même. A moins qu'il ne s'agisse du bougon joué par Malkovitch, parce qu'un personnage aussi mal écrit ça vaut le coup d'oeil: bien qu' il coche toutes les cases de la "charge-violente-contre-l'Amérique-de-Trump", le film lui donne finalement toujours raison puisqu'à chaque fois que quelqu'un lui désobéit, il arrive une merde. Dans le genre inconstant ça se pose là.


Bird Box est un film qui a le cul entre deux chaises, qui semble parti pour faire dans le post-apo intimiste façon Guerre des mondes, mais qui trucide ses personnages à la cadence effrénée d'un slasher un peu débile. Quite à ce que ça n'ait parfois aucun sens: quid du jeune couple qui décide sur un coup de tête de voler la bagnole et de décamper sans jamais revenir, alors que depuis le début il est ressassé qu'aller dehors est une condamnation à mort et que dix minutes avant ils ont failli tous crever en voiture en allant au super U à l'aveuglette? De plus, à quoi bon vouloir passer la plupart du film à distiller cette espèce de suspense vain à base de qui sera le prochain à crever, alors qu'on nous montre dès la première scène et par ellipses régulières que Mallory se retrouvera seule avec ses deux enfants dans une barque?


La partie la plus intéressante du film aurait peut-être pu être celle où Mallory et Tom survivent seuls avec leurs enfants pendant des années, à devoir vivre en autarcie et à l'aveugle alors que l'extérieur pullule de dingues en liberté. Genre, comme ce que fait brillamment Walking Dead depuis le premier tome (et arrivée bientôt au trentième elle arrive à être toujours plus passionnante). Malheureusement, cette séquence est expédiée en 5mn, au profit de pléthore de scènes de peur faciles à base de coups sur les portes et d'ombres menaçantes qui font "woooooosh". Ou alors de dialogues téléphonés où l'indien calé en eschatologie nous explique en quoi c'est la fin du monde -au cas on n'aurait pas déjà compris.


Au niveau des points positifs, on retiendra que la catastrophe en elle-même est plutôt bien pensée: jamais les entités ne sont montrées, jamais on ne cherche à nous expliquer pourquoi et comment tout ça arrive. La menace est omniprésente et plane au dessus d'une humanité impuissante, et c'est plutôt cool. Quand on compare avec le film d'épouvante moderne moyen qui cherche presque à t'expliquer pourquoi y a des fantômes et des zombies, ça fait plaisir.


Bref, une série B qui vaut surtout pour son concept plutôt cool, mais malheureusement mal exploité. Ca ne mérite surement pas son carton actuel sur Netflix, ni que des jeunes couillons risquent leur vie et celle des autres avec le "bird box challenge".
Et puis, ça serait chouette si Sandra Bullock (qui joue plutôt bien ici au demeurant) pouvait de temps en temps jouer dans des bons films, parce que bon, t'as quand même joué dans Gravity ma cocotte, alors fais-toi respecter un peu.

Biggus-Dickus
3
Écrit par

Créée

le 12 janv. 2019

Critique lue 538 fois

1 j'aime

Biggus Dickus

Écrit par

Critique lue 538 fois

1

D'autres avis sur Bird Box

Bird Box
RedArrow
6

Sans un regard

L'apocalypse, des créatures mystérieuses, une privation sensorielle, une héroïne enceinte prête à tout pour s'en sortir... Le rapprochement entre cette adaptation du roman de Josh Malerman et "Sans...

le 21 déc. 2018

66 j'aime

7

Bird Box
limma
5

Critique de Bird Box par limma

Susanne Blier réalisatrice danoise du film Brothers et After the wedding, réussit mieux quand elle reste libre de ses œuvres. Après s'être essayée à la série avec The Night Manager, adaptation du...

le 22 déc. 2018

24 j'aime

4

Bird Box
Theloma
5

Des aliens...et des aliénés

Pourquoi faut-il que les scénaristes américains ajoutent toujours de l'improbable à l'invraisemblable ? Prenons une invasion extraterrestre par exemple. Avec des aliens malintentionnés, invisibles...

le 26 déc. 2018

24 j'aime

10

Du même critique

Paranormal Activity
Biggus-Dickus
1

Attention. Ce flim n'est pas un flim sur le cyclimse. Merci de vôtre compréhension.

Il est des succès inexplicables. René la Taupe ou Paranormal Activity, c'est du pareil au même. Un film d'épouvante qui ne fait pas peur, c'est comme une comédie pas drôle, un film de gangsters sans...

le 2 juin 2014

12 j'aime

Le Genou de Claire
Biggus-Dickus
3

Et ça papote, ça papote

Ah, Rohmer, sujet d'adoration par la critique depuis toujours, emblême de la lutte des artistes créateurs intimistes contre le cinéma soi-disant impersonnel et industriel des blockbusters forcément...

le 5 août 2014

11 j'aime

12

The Batman
Biggus-Dickus
4

L'Eternel Retour

Peut-on vraiment encore faire des films Batman en 2022? La question se pose, tant cette dernière itération tourne à vide en se reposant sur les acquis, la surface et le vernis de cet univers pourtant...

le 21 mai 2022

10 j'aime

2