Ne regardez pas

Après ne pas parler, ne pas faire de bruit, dormir, écrire ou se baigner, voici, ne pas regarder qui, n'étant pas le premier dans sa catégorie, souffre d'un postulat de départ usé jusqu'à l'os. Alors autant j'apprécie vraiment le boulot de Susanne Bier d'habitude (notamment la formidable mini-série The Night Manager), autant j'ai trouvé dans Bird Box que sa mise en scène était aussi pataude que dénuée de surprises.

Elle tartine son scénario de poncifs pénibles et bien évidement attendus au tournant (je spoile, un peu): un méchant pas si méchant, l'artsy solitaire qui sait manier de la gâchette, les choix cornéliens mal amenés, le nerd qui se dévoue en héros, etc. Et puis ce récit non chronologique n'est vraiment pas le meilleur choix, puisqu'il vient vraiment plomber le rythme et tout effet de surprise (on sait qui reste et qui n'est plus).

Et pourquoi les méchantes bébêtes/aliens/fantômes, que l'on ne voie jamais (ça revient moins cher, et ça demande moins de taf d'exploiter l'imagination du spectateur), et bien ces choses donc, pourquoi ont-elles l'avantage complètement débile et incohérent de s'annoncer avant de paraître? Quel est dont l'intérêt de tout ce cinéma, bandeau sur les yeux et tout le tralala puisqu'on sait quand elles nous tournent autour. Si c'est pas concon ça hein?

La fin, comme toute production Netflix, est vite torchée, allez hop, on met ça là, ça ira, merci. Est-ce un effet de style qui demeure énigmatique à mes yeux uniquement ou bien quoi? Car c'est la 4e fiction Made in Netflix que je j'ai le "plaisir" de regarder, et je leur fait à toutes le même reproche.

Enfin bref, il y a de bonnes trouvailles: le trajet au supermarché, dont je tairais les détails, le lieu final, les acteurs qui font leur job, même si c'est loin d'être magistral, mais bon, ça reste très en dessous de ce qu'on aurait pu voir en bossant un minimum son scénar et en évitant d'aller piocher absolument tous ses effets dans d'autres films tout aussi chiants.