BlacKkKlansman - J'ai infiltré le Ku Klux Klan par cloneweb

C’est quand il est énervé que Spike Lee est au sommet, quand le sujet le touche et qu’il peut se lacher dessus. Ce n’est pas dans le remake foiré d’Oldboy ou dans le film de braquage Inside Man qu’il faut le chercher mais quand il s’intéresse à son Amérique, comme dans Malcolm X. Ou comme dans BlacKkKlansman, adaptation de l’autobiographie de Ron Stallworth intitulée Black Klansman, l’incroyable histoire d’un flic noir qui infiltre le Klu Klux Klan.


John David Washington -qui faisait justement de la figuration dans Malcolm X- y incarne donc avec brio Ron Stallworth, jeune flic noir d’une petite ville du Colorado. Celui a bien du mal à mener sa barque à cause de la couleur de sa peau finit par se retrouver là où il voulait être : dans un petit groupe de policiers spécialisé dans l’infiltration. Et après une première mission, il va se faire recruter par téléphone par le KKK. Pour pouvoir les rencontrer pour de vrai, il collabore avec un collègue blanc et ils mettent sur pied un personnage raciste. Tout pourrait bien se dérouler mais Stallworth a fait une erreur : il a donné son vrai nom.


Il faut donc éviter absolument la confusion pour ne pas qu’il se fasse remarquer, et les personnages vont y travailler. Il faut dire qu’on est à la fin des années 70 et qu’il n’est pas question de stalking sur Facebook. Mais il faut surtout dire que Spike Lee décrit les membres locaux du KKK comme des rednecks bas du front, passionnés par les armes à feu et tous à peu près stupides. La mayonnaise prend, et Stallworth se retrouve à être -en partie grâce à sa doublure blanche incarnée par Adam Driver- le premier et seul membre noir du Klan. Lee profite de son sujet pour dénoncer la connerie de cette bande d’imbéciles mais il le fait avec beaucoup d’humour noir et de mordant. On se surprend à rire à des situations qui manquent de vire au vaudeville par moment, ce qu’il évite d’ailleurs soigneusement.


Le film, très rythmé, très soigné est par ailleurs ponctué d’incrustations visuelles qui laissent penser que ce drame a des accents comiques. Mais le réalisateur ne lâche pas son sujet et monte petit à petit en tension. La fin est beaucoup plus dramatique qu’elle ne le laissait penser. Et Spike Lee nous ramène à la réalité. On a bien rigolé cinq minutes (ou deux heures) avec une bande de guignols encapuchonnés mais le Klan ce n’est pas que ça… Et on se prend alors toute la puissance du sujet des images dans la face.


Il faut dire que le film a été tourné plusieurs mois après les évènements de Charlottesville dont des images sont utilisées dans le générique de fin. Toute la colère et l’énervement de Spike Lee finit par exploser. Indispensable.

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le 27 août 2018

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