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Blackpink, les reines (actuelles) de la Kpop, j’en avais entendu parler sans vraiment m’attarder. Ce documentaire était l’occasion de découvrir les rouages, la face cachée de cette industrie musicale coréenne lucrative (ou pas).


La naissance du groupe est présentée sous son meilleur aspect. Le portrait de chaque membre est ensuite passé en revue, avec des photos d’enfance pour un effet attendrissant. Comment passer du statut de parfaites inconnues à de supers stars mondialement adulées. Mais à quel prix? C’est bien là le gros point noir du reportage.


Tout est beau, tout est lisse (à l’image de leurs visages retouchés à coup de bistouri). Ce n’est pas crédible pour un sou, quand on sait à quel point une compétition exacerbée règne en Corée du Sud, avec un taux de suicide alarmant. L’industrie musicale coréenne instaure un système carcéral à ces recrues. Avec des jeunes que l’on repère le plus tôt possible, pour les form(at)er, tels des esclaves, pendant des années à atteindre le saint graal. Chaque année, des groupes se font et se défont. Une machine bien huilée, qui a participé grandement au miracle économique coréen. La fameuse vague « Hallyu » aka l’engouement exceptionnel autour de sa culture tels que la musique, le cinéma.


Les sujets qui fâchent sont mis en sourdine. Bien évidemment on n’évoquera jamais les clauses abusives sous les contrats juteux : les heures de travail (à rallonge) qui ne laisse aucune place à une vie personnelle/sociale, la cohabitation à plusieurs dans les dortoirs, la chirurgie esthétique imposée, les relations amoureuses interdites etc …
Et ce silence assourdissant sur les dérives de la santé mentale qui plane en permanence (dépression/suicide).


Toutes ces phrases édulcorées qui vantent un monde de bisounours, trop beau pour être vrai. Un quatuor féminin qui doit se supporter 7 jours/7 sans se crêper le chignon, ne poussons pas mémé dans les orties. Ce compositeur présenté comme leur « oppa » (grand frère), camouflé en permanence derrière son masque, me laisse perplexe avec des éloges prémâchées.
Quelques vidéos d'archives de leur "trainee period" (nb. une phase d’entraînement intense qui va durer plusieurs années) refont surface. L'image des coachs* tous en noir assis en rang d'oignons, qui jugent/notent leur performance dégage une austérité palpable (*on remarquera d’ailleurs qu’il n’y a aucune présence féminine).
Les interventions sont creuses, des séquences inintéressantes au possible, ponctuées de mimiques et minauderies insupportables (la séance vestimentaire/shopping sont d’une superficialité affligeante, et l’explication sur le terme « unni » meuble la conversation, il n’y avait rien d’intéressant à dire? Pas une anecdote profonde sur leur tour du monde par exemple). On mettra ça sur le compte de leur jeune âge, et le fait qu’elles sont emprisonnées par une agence qui filtre leurs moindres commentaires désobligeants, et conditionnées par une culture de groupe. Il faut savoir, la culture coréenne oblige à réprimer les émotions en permanence, chacun doit faire passer les intérêts de la société avant le sien. Il n’y a pas de place pour l’individualisme, comme en Occident. Du coup, le reportage est biaisé.


Toutefois, une réalité parfois cruelle est évoquée à demi-mots avec des regrets (de ne pas avoir eu d’adolescence, de ne pas vivre pour soi), et des remarques cinglantes qu’il faut encaisser en riant à gorge déployée. Un niveau d’exigence excessif, où le moindre faux pas suscite une critique acerbe non méritée.


L'une des séquences de fin en dit long, l’une qui fond en larmes entraine toutes les autres.


Dans tous les cas, cela n’enlève rien à leur talent, je leur tire mon chapeau d'avoir concrétisé leur rêve grâce à un travail acharné, sous des conditions qui font froid dans le dos (jamais abordées).
Les fans seront comblés par cette ode rose bonbon consacrée à leurs idoles. Blackpink, quel nom de groupe ironique, derrière les paillettes, leur face noire n’est jamais dévoilée.

Julhee
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le 10 mars 2021

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Julhee

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