Tout d'abord, ce noir et blanc est magnifique, il s'accompagne de la photographie parfaite pour donner une image à la fois surannée et vive, floue et limpide. Le muet s'installe sans le moindre temps mort, on s'amusera de quelques panneaux superflus et aussi de cet étrange besoin d'accompagner ce format de quelques procédés de mise en scène particulièrement kitsch, "comme à l'époque", qui fonctionnent rarement. Mais ils sont occultés par des idées autrement plus efficaces, bien pensées et intéressantes, comme lors de cette entêtante séquence de fin. Et le tout est porté par un casting énergique, Macarena García et Maribel Verdú en tête. Quoi qu'il en soit, la comparaison n'est même pas légitime, mais qu'on se le tienne pour dit : d'un point de vue formel (et au niveau du fond aussi et d'autant plus, bien entendu), "Blancanieves" démonte "The Artist".

En ce qui concerne la réinterprétation mythique, il est délicieux de retrouver les éléments du célèbre conte réutilisés à d'autres endroits, dans d'autres buts. Le scénario allie ainsi à cette irrévérence narrative pleine de clins d’œil, une réelle intelligence dans le récit, avec notamment la préoccupation constante d'une clarté impeccable. Le réalisme et le plaisir rendent l'histoire plus forte, et on se retrouve à tenir pour les gentils autant qu'un enfant, mais pour des raisons d'adulte, et à soutenir la superbe romance qui se dessine subtilement. On regrettera parfois un certain manichéisme, mais cela sera rattrapé par une fin audacieuse. C'est d'ailleurs ce qui fera de ce film, loin de la répétition ou de la décontextualisation simples, une œuvre à part entière, pleine de malice, de cruauté, de vivacité et de beauté.
Assurément
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le 14 mars 2013

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