En 2012 sort The Artist. Après son passage au festival de Cannes, le film muet rafle tout sur son passage pour son hommage à Hollywood. Aujourd'hui sort Blancanieves, un autre film muet qui fait bien moins parler de lui. Pourtant, c'est une oeuvre aussi (et même peut-être plus) brillante que son prédécesseur. Elle s'inspire du conte des frères Grimm et transforme Blanche-Neige en toréador, qui va rencontrer six nains sur son passage. Curieux.

Nous blâmions il y a quelques temps les adaptations sans inventivité ni saveur. Oubliez les deux précédents Blanche-Neige et intéressez-vous à cette adaptation créative ô combien maîtrisée. En transformant les codes de ce conte, Pablo Berger arrive à implanter la culture de son pays (la corrida, le flamenco, la religion) tout en nous proposant un film esthétique, sublimé par une image en noir et blanc somptueuse.

Il est vrai que le pari était osé, mais le résultat est réellement au-delà de nos espérances. La magie du muet fonctionne, et ce genre cinématographique est magnifié (mouvements corporels avec la danse, toreros faisant leur chorégraphie). Inspiré du cinéma muet des années 1920 avec ces ouvertures et fermetures à l'iris et ces gros plans comme on n'en fait plus, Blancanieves nous rappelle qu'il y a eu un tout autre type de cinéma avant celui qu'on connaît aujourd'hui. Il revient au source du septième art sans faire une pâle copie de ses modèles. C'est une pure création divertissante et très inventive, qui nous marquera par sa poésie et certaines scènes magistrales.

En terme technique, le cinéaste a choisi de vrais partis pris : de nombreuses incrustations (repensons au coq), une caméra souvent subjective, et quelques côtés expérimentaux avec ce montage alterné dynamique et parfois même épileptique. Sans oublier l'utilisation du Super 16 pour maintenir le grain à l'image, Blancanieves s'avère être une oeuvre à la plasticité irréprochable. La musique allant parfaitement bien avec le rythme de la narration, Pablo Berger s'amuse à jouer avec le son direct de temps en temps grâce aux instruments.

Certains reprocheront la trame trop linéaire de ce film, mais le réalisateur a peut-être voulu rendre son récit le plus fluide possible pour ne pas perdre les spectateurs. N'y allons pas par quatre chemins, Blancanieves tient presque du chef-d'oeuvre, car c'est un film qui ose et qui, de surcroît, réussi sur tous les tableaux. Félicitations.
Hugo_Harnois_Kr
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le 7 févr. 2014

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Hugo Harnois

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