Le postulat de départ est pourtant intéressant : s'imprégner d'un récit faisant partie de l'imaginaire collectif pour en faire un conte moderne et sensuel. On s'amuse alors à déceler les similitudes et les divergences entre l'histoire que l'on connait et celle qui nous est racontée : une jeune femme et sa belle mère, sept hommes, la nature, une tentative de meurtre, une pomme... Cette toile de fond tirée des frères Grimm apporte une fantaisie et un décalage à ce réalisme plat des films d'auteur français. Oups ! Je viens de devancer ma pensée et tout mon argumentaire pour dire que Blanche comme neige, aussi original soit-il, finit par mortellement nous ennuyer... Certes, on peut voir dans cet épanouissement sexuel assumé une sorte d'ode à la jeunesse éternelle, aux bienfaits du grand air et à la liberté féminine qui s'émancipe du Prince Charmant. Et en plus, cette héroïne débridée s'inscrit dans l'ère du temps ; sensuelle, épanouie et fière.
Quoiqu'il en soit, Anne Fontaine ne profite pas vraiment de l'occasion pour rendre son film vraiment spécial. Si bien qu'on pourrait croire que Blanche comme Neige est tout simplement un exercice de style segmenté en trois parties, ni plus ni moins. Malgré la fougue de Lou de Laâge, le rythme est loin d'être enivrant tout comme les autres personnages qui paraissent bien vide et sans couleurs. Seuls Vincent Macaigne, par son personnage comiquement platonique et Damien Bonnard, dans son double rôle, ont su me faire croire à cette fantaisie. Isabelle Huppert, fidèle à son impassibilité froide, fait perdre toute la dualité et la joute de beauté face à Lou de Laâge, qui quant à elle, se lâche et se déchaine. La confusion avec le conte aurait pu être plus subtile, plus mystérieuse, plus peaufinée dans les détails tout en restant proche d'une certaine féérie, qui, pour moi, est totalement absente du long-métrage. Sans cette dernière, j'ai du mal à voir l'intérêt de ce film qui semble pas vraiment s'assumer. Un côté mi-figue mi-raisin qui s'évapore aussitôt dans les souvenirs cinématographiques vaporeux et dont on ne prendra même pas la peine de regarder en replay...

alsacienparisien
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le 11 avr. 2019

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