Deux années après avoir écrit pour Scorsese l'inoubliable Taxi Driver (1976), considéré par beaucoup comme l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma, l'homme de l'ombre décide d'avancer vers la lumière : Nous sommes en 1978, et Paul Schrader propose Blue Collar, un film co-écrit avec son frère Léonard et Sidney A. Glass.


Encore une fois, le jeune réalisateur décide de se poser du côté de l'opprimé, dans une ville de Détroit de plus en plus encline à la montée du capitalisme, où la surproduction réduit à misère les conditions de travails d'une équipe d'ouvrier, oeuvrant avec force et courage dans un garage automobile de la ville.
Exploités par le patronat et peu aidés par un syndicat d'incapable et de corrompus, les trois confrères Richard Pryor, Yaphet Kotto et Harvey Keitel intentent une mutinerie secrète et organisée au petit bonheur la chance. Keitel, qui a déjà joué pour Scorsese dans Mean Street (1973) et Taxi Driver (1976), impressionne encore par son charisme, et son perfectionnisme.


En choisissant de partir vers le drame et de transformer son film en polar, Schrader effectue une transition un peu brusque entre les deux phases, mais continue de proposer un cinéma engagé, où les USA post-Vietnam semblent petit à petit jouer la carte du renfort de l'impérialisme en ne se basant que sur l'économie et la production, au détriment de l'homme et de sa condition humaine.


Un film très puissant, accompagné par l'intemporel chanson "Hard Workin Man" de Captain Beefheart & Jack Nitzsche.
Le reflet du déclin social de l'époque, comme le prouve la dernière réplique : "They pit the LIFERS against the NEW BOYS, the YOUNG against the OLD, and the BLACKS against the WHITES. EVERYTHING they do is to KEEP US IN OUR PLACE."


Un classique, à découvrir ou redécouvrir dans une superbe édition Blu-ray sortie en 2020 !

Baptiste-Gouin
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le 30 août 2020

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