Blue Valentine par LuluCiné
La sublime Michelle Williams n'en finit pas d'épater Hollywood, oscillant entre grands réalisateurs et petits films d'auteurs, avec des rôles audacieux toujours à la hauteur de son talent. Et c'est uniquement pour ses beaux yeux que je me suis lancée dans Blue Valentine. Je reconnais que le sujet me plaisais aussi : le début et la fin d'une histoire d'amour.
Les critiques furent d'ailleurs élogieuses et laissaient sous entendre que ce film nous amènerait à nous poser des questions sur notre propre couple. Le film est à la hauteur mais on comprend assez vite que c'est une histoire d'amour qui ne pouvait pas marcher à la base; alors de là à faire tanguer son propre couple c'est que la base de celui-ci était vacillante.
Les personnages du film Dean et Cindy sont touchants, même dans la fin de leur histoire, et on est finalement plus proche du couple en décrépitude que celui qui naît sous nos yeux. En fait leur vécu est plus facile à accepter que leur rencontre vite entachée par une série d'incidents; et alors qu'on commence à y croire, on s'aperçoit que leur idylle aurait dû s'arrêter là où eux pensent se prouver leur amour mutuel, un mariage et un bébé trop vite consommé pour l'épanouissement du couple.
Pour autant leur dérive est la partie la plus intéressante du film. J'admire la transformation physique en si peu d'années, le poids des responsabilités sans nul doute, vieillissant et entourant d'une aura plus réaliste que la beauté de leur jeunesse. Transformation mentale également, Dean curieux et enthousiaste devient un papa attentionné mais un mari régressif. Cindy la jeune étudiante en médecine se recale en infirmière fatiguée portant sa famille sur ses épaules. Je lui en veut presque de ne pas essayer de sauver sa famille, mais devant le pathétique de son mari je comprend cet abandon, lorsqu'il n'y a plus d'amour mais juste de l'attachement.
La mise en scène prendra surtout son importance dans cet hôtel minable où la chambre glauque reflète la déchéance. Elle respecte un cadre réaliste, ne prend pas partie pour l'un ou pour l'autre, et nous délivre un générique de fin grandiose, une explosion d'artifices qui s'écornent bien vite à l'image du couple.
Le film reste l'histoire d'un couple qui ne tend pas à l'universalité, chacun à sa propre histoire; il n'empêche que Blue Valentine vous reste en tête, baignant dans la déception d'une histoire d'amour qui n'aurait peut être pas du exister.