" L'identité est un masque conçu pour nous désigner ..."
Peut-on réellement se reconstruire après la prison ? Sommes-nous capables de changer quand l'irréparable a été commis de la façon la plus sanguinaire dans l'enfance ? Devient-on à son tour aussi victime que les victimes que l'on a faite ? La société doit-elle pardonner à celui qui a purger sa peine ? La justice des tribunaux suffit-elle à assouvir le désir de vengeance humain ?
Figure du mal enfant devenu, aux yeux de tous, le mal adulte. Le tout nouveau Jack, nouveau nom, nouvelle vie a tout pour réussir : il change de vie, a u protecteur fabuleux, est bien suivie. Surtout, il arrive là où tout le monde ne le connait pas, il redémarre, en flèche: boulot, amis et petite amie, voilà il se reconstruit, se réinserre sans pour autant oublier son passé qui le hante comme sur la question incessante de la mort de son ami/complice du meurtre de l'enfance : suicide ou meurtre ?
La peur d'être dénoncé poursuit à chaque minute le toujours triste Jack, il essaye de fuir les photos même quand il devient héros d'un jour en sauvant une petite fille. Image de la rédemption ? Sauver une vie suffit-il à réparer, faire pardonner d'en avoir ravie une autre ? Certainement pas. Le paradoxe se joue: alors qu'il est au fond du fond Jack lit les mots de cette petite fille aux cheveux blonds: "merci de m'avoir sauvé Jack". Il le répétera à son tout nouvel ami déjà perdu "souviens-toi de cette petite fille qu'on a sauvé, souviens-toi".
La peur, l'angoisse et la culpabilité poursuivent ce jeune homme pas du tout montré comme tout blanc : la violence est encore induite en lui, sinuante. On angoisse à chaque plan avec sa copine sentant qu'il va se passer quelque chose, on se prend à penser comme les autres, nous qui savons depuis le début.
Mais en même temps on veut croire en Jack, en son histoire, en sa victoire sur la réadaptation. Sa bouille constamment triste, son coeur battant, son histoire avec Michelle, le rêve à portée de main.
Le personnage n'a donc aucune définition figée: ni tout blanc, ni tout noir. Il essaye juste de recommencer à vivre parce que la justice lui en donne le droit mais pas la société.
Le visage masqué est celui de la liberté mais parler, donner et offrir son identité s'est sombrer et devoir abandonner. L'enfant du mal, violent et meurtrier est mort, si Jack disparait, il ne reste plus beaucoup de possibilité à "Boy a" pour survivre, le film reste en suspens, avant la chute...
Oscillant dans la construction du personnage entre le Jack du présent et les images de l'enfance (les quelques jours/semaines qui précèdent le crime), le film est en perpétuelle double identité, incitant son personnage à ne jamais garder la figure du bien ou du mal. Une figure complexe qui pousse à réfléchir sur la possibilité ou non de la réinsertion. Tout semble idyllique pour Jack jusqu'au jour où ...
Mais le spectateur n'est jamais dupe et en connaissance de cause, il se prend quand même d'affection pour Jack, troublant et magistrale ...