La rédemption d'un ex détenu est-elle possible ? Vous avez 4h.

En premier lieu, il faut souligner que Boy A n'est pas une production calibré cinéma. A l'origine prévu pour la télévision, diffusé sur Channel 4 puis distribué au cinéma, ce long-métrage n'avait pas pour aspiration de lorgner du côté du panthéon du 7ème art. Faut-il en conclure pour autant que cette production n'est point au niveau ?

Bien plus connaisseur du théâtre que du cinéma, le réalisateur John Crowley décide de nous livrer une vision de la rédemption d'un ex-détenu incarcéré pour meurtre durant son enfance. Il est à prendre en considération la réalité de l'époque en Grande-Bretagne. Dans cette vision anglo-saxonne, le crime est quasi génétique, la rédemption n'est donc pas possible : qui a tué est voué à le refaire selon eux. Dès lors, la logique de la réinsertion, très présente en France, n'est pas une logique anglaise, et c'est ce point que va s'efforcer de questionner le réalisateur durant tout le film.

Si le casting est globalement bon, à l'image de l'accent anglais de la plupart des acteurs, le choix d'Andrew Garfield (alors sombre inconnu) étonne. D'une part ce dernier est américain, et cela se ressent dans son accent, ce qui fait quelque peu tâche dans le décor "so british" mis en place. D'autre part, celui-ci dispose d'un charisme relativement inexistant. Livrant une performance d'une inconsistance rare, mêlant mimiques faciales déconcertantes et autres mines ahuries, Garfield ne cesse d'irriter dans un rôle qui aurait mérité un tout autre acteur. Au hasard dans l'académie anglaise j'aurais cité Daniel Radcliffe (bien qu'à cette époque, les aventures du petit sorcier à lunettes occupaient tout son temps).
Passé ce que je considère comme une erreur de casting, l'ensemble se tient.

Le scénario quant à lui se charge donc de relater l'histoire d'Eric, devenu Jack suite au projet de réinsertion, qui tente d'avoir une vie normale après ces années de prison pour le drame dans lequel il a été impliqué. Version aseptisée du drame que l'Angleterre a connu (l'affaire James Bulger qui a inspiré le film), l'histoire nous fait prendre en pitié ce héros qui passe pour le garçon qui était presque au mauvais endroit au mauvais moment, tandis que son acolyte, véritable assassin, s'est suicidé afin d'échapper à la pression sociale.

Car oui, la véritable réflexion ne tourne pas tant sur la difficulté propre que connaît l'individu dans sa réinsertion mais bien par la pression que la société lui impose durant celle-ci, la rendant parfois impossible, malgré tout le bon vouloir de l'ancien détenu repentant.
Incarnée dans un ultime plan d'une belle justesse, cette interrogation laisse le spectateur mi-abasourdi, mi-pensif.

Au final, Boy A est un film d'une réalisation dotée de très beaux moments parfois mais très standard sur sa globalité. Ne possédant ni une bande-son incroyable, ni un casting bluffant, le film peine à susciter l'émotion qu'il veut transmettre et ce malgré la gravité de son sujet et des bonnes intentions de son réalisateur. Un long-métrage qui aurait mérité sans doute plus de moyens mais surtout de moins aseptiser son matériau de base afin d'en préserver l'aspect dramatique. Il faut cependant garder à l'esprit que le film était prévu pour la télévision, il demeure alors correct.
Samuel_C_
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le 9 avr. 2014

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Samuel_C_

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