Mon intelligence s'est fait casser

Quoi qu'on en dise pour moi Brice de Nice premier du nom était un bon film. Partant d'une intrigue ma foi très classique, un adulte enfant qui vivait dans l'illusion de sa majesté uniquement parce qu'il avait les moyens financiers du papa derrière lui. Cet enfant un peu crétin sur les bords se retrouve tout à coup propulsé dans la réalité le jour où le pater se retrouve arrêté pour escroquerie. C'est alors le début d'une épopée délirante où le personnage se cherche lui même se rendant compte qu'il n'est pas ce qu'il prétend, qu'il n'est ni surfeur, ni winner, ni 100% snowboarder. Le personnage de Brice étant bien entendu tout sauf attachant, c'est cette confrontation avec la réalité qui faisait le charme du film, à quel point ce pauvre type vantard, narcissique, moqueur et carrément stupide se retrouvait constamment à coté des situations qu'il vivait et ce bien malgré qu'il maniait bien le casse et apparaissait en apparence du moins un type formidable pour tout le monde. Pour moi il y avait un message dans Brice de Nice, il y avait au moins une toile de fond, on partait d'un point A pour arriver à un point Z en passant par différentes étapes et ce toujours dans ce délire centré autour du personnage.

En entendant parler de ce Brice de Nice3 j'ai senti que j'allais être déçu. Non que mes attentes étaient particulièrement élevées concernant ce film, simplement parce qu'une annonce marketing du genre "Brice 3 car il a cassé le 2" déjà ça ne respirait pas l'intelligence. Un film qui part sur une annonce pareille entre d'entrée dans la case "oh mon dieu vais-je oser voir ce truc?" On a beau se dire que ce n'est qu'un délire pour faire vendre on ne peut pas savoir si le film sera du niveau de cette phrase d'accroche ou si le produit final est un peut meilleur que ce qu'on nous vend. Manque de pot le résultat s'est avéré pire que tout ce que j'avais imaginé

Brice a vieilli, il n'a rien changé à son mode de vie ou presque. Il vit toujours dans son obsession du jaune avec toujours ce même culte narcissique envers sa personne. Dans un début qui ressemble beaucoup au premier film, on voit le personnage aller encore plus loin dans son délire et d'entrée de jeu on commence à craindre que le film n'ai pas grand chose à raconter. Si on pourrait croire que la destruction de sa maison amènerait Brice à murir et a devenir meilleur comme dans le premier film a défaut d'avoir quelque chose d'original, nous aurions au moins un scénario correct qui part de quelque chose pour arriver vers une conclusion déterminée. Sauf que Brice 3 ce n'est pas ça, on part de nulle part pour aller d'une lourdeur après l'autre vers le néant, vers les abysses infernales.

Brice libère son poisson rouge dans la mer puis pars rejoindre son ami qui lui a laissé un message dans une bouteille, il part au hasard à Bordeaux avant de se rendre compte qu'il n'a pas lu le message en entier et que son pote est à Hawai. Il retrouve alors Igor qui est devenu une lavette au service d'un gang qui squatte la plage, les deux s'enfuient vers Hawai où ils découvrent que tout les habitants de l’île ont été chassés par une méchante imitation de Brice qui fait des soirées Yellow jours et nuits. Brice se confronte à son double, il le bat, il quitte Hawai, et à la fin le vieux Brice se moques des enfants qui écoutaient son histoire en mode "tout ce que je vous ai raconté c'était dla merde". Impossible de se dire qu'on a pas gâché sa soirée devant ce vide interstellaire. Une heure et demi de gags poussifs, surenchère de surenchère déjà surenchéris, avec une intrigue partant d'un point A pour aller vers un grand que dalle, le film n'est qu'une succession de lourdeurs et de gamineries tout bonnement intenables passées le premier quart d'heure.

La surenchère est un phénomène qu'il faut maîtriser et canaliser, on ne peut pas faire un film qui n'a aucune limite sans lasser le public. Le poisson rouge de Brice a une mèche blonde. Brice combat le nouveau chef d'Hosgor dans un combat d'animation. Le grand méchant est devenu méchant parce qu'il ne pouvait pas entrer aux soirées Yellow, Brice part à Bordeaux parce que le message de son pote disait "le premier avion". Briceland, avec des ateliers vantardises et casse pour mimer le personnage déjà débile de Brice de Nice. Le combat final avec le méchant qui se solde par :
- je suis toi en mieux, je suis un Brice 2.0
- j'ai bien conscience que je suis qu'une merde. Donc t'es une super merde vu que t'es un super moi
-quoi?
- c'est bien ce que t'as dis t'es un super moi.
-ah..
- je t'ai cassé.

Soit l'humour de Brice de Nice ne volait pas haut, soit ce n'était pas le meilleur film jamais tourné, mais jamais je ne me suis senti aussi consterné en le regardant. Je n'avais pas ce sentiment lancinant de gacher une heure précieuse de ma vie, même en le revoyant maintenant aujourd'hui je me dis que le film se laisse encore regarder. Mais cette suite est une abomination, une suite de blagues toujours plus poussives, toujours plus débiles, pour se conclure sur "je vous ai cassés les gosses, mon histoire c'est de la connerie, vous êtes faibles", je ne peux que saluer l’absence totale d'intelligence de ce truc que je ne saurais qualifier de film.