Prenant place dans la bien nommée Citadelle de Kowloon, Brothers from Walled City dénote, dès les premières minutes d’un intérêt certain. Le lieu de l’action, ce quartier chaotique aux allées labyrinthiques donne à voir puisqu’il avait la réputation d’être une zone de non-droit, où se côtoyait population de petite condition, malfrats et autres drogués. C’est dans ce contexte singulier que le drame de Lam Nai-Choi prend place. Il offre à son récit et à ses personnages une authenticité glaçante qui renforce leur style de vie ainsi que chacun de leur geste. Cette exposition met en alerte le spectateur qui se prend d’affection pour les deux jeunes acteurs et par extension leur personnage respectif, tout comme leur père, personnalité respectée dans cette cour des miracles, et figure paternaliste aimante aux valeurs ancrées. La tragédie qui les touchera ne sera que des plus cruelles, bien qu’on la sentait poindre.


Brothers from Walled City retrouve alors ces deux jeunes personnages devenus adultes : l’un dans les affaires, l’autre encore étudiant. On quitte la Citadelle de Kowloon pour l’autre Hong Kong. Lam Nai-Choi nous ballade dans ses rues et sur ses toits avec la même vision quasi-anthropologique que sa première partie. Il met en scène une histoire de rivalité qui va prendre une tournure inattendue pour les protagonistes. L’auteur narre, non sans un certain doigté la montée en puissance de cette tragédie humaine qui se joue en sourdine. De jeux d’enfants, on passe petit à petit à un jeu dangereux, où les adultes visés n’ont pas la même définition du « jeu ». A travers une violence ponctuelle et une intensité permanente, Brothers from Walled City s’assombrit à mesure qu’il avance, en n’épargnant alors aucun de ses personnages. Ces derniers sont d’ailleurs campés par des acteurs concernés. Il est appréciable d’y voir des Phillip Ko et Johnny Wang à « contre-emploi ».


Avec Brothers from Walled City, Lam Nai-Choi tisse les destins étroits entre différents personnages. Ils les entrainent vers ce point de rupture qui les changera à jamais, eux ainsi que leur condition propre. Par le biais de ce drame social, il aura alors traité de thèmes distincts forts : la pauvreté, la délinquance et criminalité, mais aussi la brutalité policière en passant par les ravages de la drogue ou encore les grossesses non désirées. Il y réalise donc un portrait de Hong Kong comme un témoignage à part entière.


(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2014/04/07/brothers-from-walled-city-1982-lam-nai-choi-avis-review/)

IllitchD
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le 14 juil. 2014

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