The future is all yours you lousy bicycle!

Butch Cassidy et le Kid c'est justement nos deux protagonistes, l'association des neurones de l'un et de la gachette de l'autre en fait une paire redoutable. Des bandits! Et même les plus tristement célèbres, mais pas des anti-héros pour autant. Ils vident des banques et dévalisent des trains mais ne tuent personne et sont en permanence sans le sou à force de redistribuer leurs gains dans les bars, auprès des dames ou aux tables de black-jack. En réécrivant l'histoire, ils deviennent presque des Robin des Bois de l'Ouest américain.

Dans les étendues infinies de l'Ouest, chaque région connait ses légendes et au Wyoming tout le monde connait Butch Cassidy et son Hole In the Wall Gang et personne n'a envie de s'y frotter. Ailleurs, il y a le meilleur agent de la loi Joe Lefors. Ou encore ailleurs, John Baltimore est le meilleur des traqueurs. Ils sont chacun les rois de l'Ouest.
Malheureusement, lorsque nous retrouvons nos héros, l'époque de l'Ouest est déjà révolue, le chemin de fer à atteint la Californie et les étendues sauvages ont montré qu'elles n'étaient pas aussi infinies qu'on le croyait. Les légendes d'hier ne sont plus guère que des barons locaux et respectés que par ceux de leur région. Les temps modernes rattrapent Butch et Sundance, des gros poissons certes mais dans une petite mare. Et lorsqu'ils s'aventurent dans l'océan, face aux légendes d'ailleurs, hors des régions ou ils sont connus et respectés, il ne trouveront pas le pays de leurs rêves, ou les banques comme les femmes sont à portée de qui veut bien les cueillir. Ce paradis n'existe plus depuis des années et le message du sheriff s'applique à ceux qui refusent de s'adapter à la nouvelle époque : "Il est trop tard. Vous auriez du mourir tant que vous en aviez encore la chance [...] Votre époque est finie. Et vous allez mourir dans le sang. Tout ce que vous pouvez faire c'est choisir où."

Au final, j'ai vraiment bien aimé la façon dont le film parvient à infuser cette mélancolie des belles années passées tout en n'ayant que des séquences joyeuses d'une paire de copains qui se charient gentiment et nous arrachent un sourire bienveillant.
Bizarrement, ce film m'a fait penser à Logan. Butch Cassidy et le Kid est aux Western ce que le dernier Marvel est aux films de super-héros : Des légendes d'hier qui n'ont plus rien à faire dans un monde qui a trop changé et à qui il ne reste qu'à choisir la façon dont ils vont disparaitre.

Malgré qu'il ait 50 ans, le film est toujours très regardable, le grain du film est assez marqué et l'on sent bien qu'on regarde un vieux film mais le rythme en lui même est assez soutenu pour plaire à une audience moderne. Par ailleurs, au niveau caméra c'est assez moderne, quelques plans m'ont agréablement surpris. Vers le début, le travelling lateral à travers les planches de la grange, baigné par intermittence par les rayons du soleil levant est splendide et franchement surprenant pour l'époque. Le montage sépia du voyage dans le troisième acte est aussi très réussis.