Une des oeuvres majeures du cinéma francophone
Depuis très longtemps, je suis fasciné par l'humour noir. Alors quand on m'a parlé de ce film, réputé culte, qui aborde sous la forme d'un reportage la vie d'un tueur de métier, le tout interprété par Benoît Poelvoorde, je me suis dit : encore un film violent & beauf comme les aiment les bons français bien ancrés. Il s'avère que non.
Un film violent, certes, mais qui use de cette violence dans une forme totalement détachée, banale, comme agençant, articulant les scènes pour nous guider vers cette sensation de retour à la réalité que désire imposer le réalisateur. Une tension palpable est perceptible tout au long du reportage, les reporters étant en danger de mort à chaque instant. Le malaise est constant, parfois l'on peut même trouver ça gênant (la scène de viol fut très mal vue dans certains pays, ce qui entraîna la censure). Il s'agit juste de la vie quotidienne d'un homme devant tuer pour survivre : alors, il tue des vieux, des couples aisés, parfois même simplement des enfants.. Même si on peut observer quelques formes de regrets dans ses dires, le tueur est toujours d'humeur philosophe, poétique (quelques poèmes sont déclarés, une chanson est scandée avec ivresse). On voit la patte Poelvoorde, il s'agit d'ailleurs de son premier film. Quelques scènes dérisoires, parfois même anodines, considérées comme "normales" dans cette société bien encadrée. Puis une déviance, on trébuche, & quelques plans filmés montrent l'intensité du carnage. Un tueur tout ce qu'il y a de plus "normal", "banal", avec des parents bien-aimants, qui dissimulent la brute sanguinaire qui fait le personnage principal de ce film.
"C'est arrivé près de chez vous" est donc une oeuvre culte, à regarder impérativement, tant pour le plaisir que pour une certaine culture francophone.
Cette citation tirée du film pourra donner une idée pour les quelques personnes réticentes : le serveur du restaurant demande à Poelvoorde : " Je crains qu'aujourd'hui le choix de monsieur ne soit pas des plus judicieux... Si je peux juste me permettre...", & voici la réponse de ce dernier : "Tu ne te permets juste rien du tout. Tu vas d'abord me soigner cette mauvaise peau et ensuite tu te permets, ok ?".
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