Avec Café Society, Woody Allen délivre une oeuvre réussie, un cran au-dessus de ses précédentes réalisations. La mayonnaise prend dans un film haut en couleurs, très plaisant au visionnage. Ceci est rendu possible par de nombreux aspects, que l'on peut relier étroitement à la mécanique habituelle des films du réalisateur.


L'histoire s'articule autour de trois protagonistes : le premier, Bobby Dorfman, quitte New York pour s'installer à Hollywood. C'est à cet endroit qu'il rencontre Vonnie, une jeune femme dont il tombe éperdument amoureux. Le noeud du film, comme dans une oeuvre que l'on peut attendre de Woody Allen, repose dans les relations sentimentales. Bobby va comprendre, avec le temps, que son oncle Phil n'est autre que l'homme que voit Vonnie en secret. Loin d'être découragé par cette nouvelle, le jeune homme va tenter jusqu'au bout de conquérir le coeur de sa bien-aimée, elle-même soumise à un choix cornélien entre deux membres de la même famille. Le scénario joue évidemment un rôle clé dans cette oeuvre. Parfaitement ficelée, l'intrigue permet au spectateur de comprendre les ressentis et les émois de chaque individu de ce trio, et de faire ressortir le problème majeur de l'histoire : l'un des personnages sera fortement impacté par le choix de Vonnie.


Les personnages sont joués par des acteurs de rang international, et de jeunes talents sont mis en avant : Jesse Eisenberg (alias Bobby Dorfman) et Kristen Stewart (Vonnie) occupent les deux rôles les plus exposés du scénario. Les deux acteurs réussissent à interpréter des rôles ambigus, et versent dans le psychologique sans difficulté. Viennent s'ajouter Steve Carell, qui réussit ses apparitions moins importantes, ou encore Corey Stoll, plus connu comme Peter Russo dans House of Cards, très convaincant dans son rôle de mafieux.


Le jazz habituel de Woody Allen est au rendez-vous, il est directement relié à l'époque du film : les années 30. Ce style musical permet de mettre en lumière les habitudes des grands noms dans le Hollywood de l'époque, notamment grâce au Café Society. C'est dans ce lieu que se retrouve la crème de la crème hollywoodienne, et que les contacts peuvent se faire. Le jazz et son image raffinée participent à cette ambiance générale. La couleur joue également un rôle de premier ordre : les tons dorés visibles sur les différents plans, tout au long du film, servent de filtre pour décrire un monde à part, marqué par l'ego et les personnalités atypiques.


C'est une surprise bienvenue que ce Café Society. Woody Allen prouve qu'il est l'un des seuls réalisateurs capables de se renouveler chaque année et de proposer des histoires intactes, marquées par l'empreinte d'un dialogue abondant mais recherché. Un signe encourageant en vue des prochaines oeuvres du maître de la comédie romantique.

Créée

le 24 sept. 2016

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