LIBERTE EMOTIONNELLE

Il y a de la magie dans ce film.
De la magie, de la beauté et de l'émotion que même les stéréotypes qui le constituent ne parviennent pas à amoindrir.
Cette histoire restitue les vibrations d'un temps disparu. Celui d'avant la globalisation et la culture de masse . Celui d'une Europe de l'ère des possibles, où traverser la frontière était déjà une aventure hors du commun. Ceux qui ont connu les années 70-80 ressentiront ce hors temps savoureux caché dans la langueur Italienne de cet été .
Le cadre de la maison de maître héritée, peint la chaleur d'une vie de famille Juive et discrète, où l'ouverture sur le monde est cristallisée au carrefour des langues, entre anglais, Italien et Français, et des encyclopédies que les bibliothèques de l'époque accueillaient.
Les parents professeurs, l'amour des livres, la campagne, la musique forment un parfum d'amour irrésistible.
De cette douce mélancolie émerge une rêverie supplémentaire: celle de la liberté émotionnelle.
La liberté émotionnelle d'explorer, d' avancer vers son désir, sans culpabilité.
Une liberté encouragée par la bienveillance de parents éclairés qui valorisent la vie comme aventure sensible avant tout.
Le charme maladroit de la caméra fait battre le coeur et transcende l'histoire d'amour en songe universel.
Timothée Chalamet fait rêver en donnant à Elio un charme d'une douceur inouïe et l'Américanité d'Armie Hammer fait basculer Oliver du côté d'une tendresse déchirante parce qu'il montre un respect fou des sentiments, sans domination, sans rapport de force, sans narcissisme.
Une tendresse dont nous pleurons la rareté tellement elle semble s'être évanouie dans les tumultes du monde aujourd'hui .
Le cocktail formel du film m'a surpris et procuré des émotions profondes. La simplicité et la profondeur du fameux monologue du père m'ont ému aux larmes. La musique et le bouleversant générique de fin m'ont fait basculer du coté de ceux qui ont totalement adoré ce film, par delà ou en deçà toute analyse.