A l’ombre des oliviers, de Visconti, de Pasolini…


Nous sommes en 1983, dans la campagne bergamasque sous des cieux radieux, au sein d’une vieille villa, une famille d’intellectuels et leur fils, accueillent, pour de studieuses vacances, Oliver, lequel prépare un doctorat.


Un parti-pris quelque peu idyllique : le père brillant professeur, spécialiste reconnu, la mère pratique 4 langues, le fils le piano et la transcription musicale ! N’en jetez plus !
Mais c’est comme ça de telles familles existent.


Le fils est le centre -un peu trop le centre selon moi- de l’histoire et de la romance qu’il va voir naître en lui, après de trompeurs désirs évanescents.


De belles choses dans ce film de Luca Guadagnino, une façon lente et douce de filmer la nature, un goût du cadre quand sa caméra se pose, insiste sur ses protagonistes.


Les amours homo n’étaient pas encore chose facile au début des années 80, la société peu prête, l’église fâchée et rétrograde (et Dieu sait que l’Italie aime l’église !) et les familles… déboussolées pour les plus compréhensives.


Ici, rien de tout cela, comme une onction idyllique les choses adviennent presque sans heurs, même la jolie -et blessée- Marzia se montrera compréhensive et amicale.


Un été de désirs donc, dans le trouble des sentiments naissants et compliqués puisque sous le sceau encore d’une puissante éducation, sauf pour Elio, donc, qui est doté de
parents magiques (je raille un peu).


Il y a un beau dialogue dans une des scènes de fin, entre le père et le fils, où l’homme révèle à son fils -le nouvel amour reparti- qu’il ne doit pas essayer d’échapper à sa douleur, car
la détruire serait nier le bonheur qui l’a précédée… Une discussion qui sonne très juste.


Et, à l’instant de terminer cette chronique (pendant laquelle j’écoute une gamine Kimberose), je me rappelle trop tous les actes homophobes qui ont pu être perpétrés par de sinistres crétins (palme à Hanouna pour ce sketch téléphone insultant !) et encore aujourd’hui!


Alors, sans être militant, tout ce qui pourra aider à terrasser la crasse idiotie de refus (voir du rejet) de la différence, est à tout jamais le bienvenu.


A noter, le scénario de James Ivory (tiré d’un roman d’André Aciman) et le film m’a parfois fait penser à Maurice du même Ivory qui révéla R.Everett.


On suivra, par ailleurs le jeune Timothée Chalamet -inspiré- et la charmante Esther Garrel, qui perpétue donc une famille de cinéma.


EB


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le 4 juin 2018

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