Un film très poignant, et sans doute une des romances les mieux écrites que j’ai pu voir au cinéma ces dernières années. Alors certes, l’ensemble du film peut avoir un rythme un peu longuet car il prend le temps d’introduire ses personnages, leurs relations, et utiliser cette base pour construire et développer leurs émotions et sentiments. Et cela donne au final une œuvre parfaitement dosée, incroyablement juste et crédible, et une intrigue dans laquelle on se laisse embarquer, où l’on plonge dans quelque chose de très fort sans même s’en rendre compte. J’ai beaucoup aimé la dynamique entre Oliver et Elio, car il y a la fois cette ambiguïté que ressent Elio et puis comment tout s’articule naturellement une fois qu’ils ont avoué leurs sentiments.
Ce qui est d’autant plus formidable, car on suit également l’évolution entre Elio et Marzia, qui prend un chemin tout aussi intéressant et soulève des questions tout aussi intéressantes. L’évolution est tellement fluide qu’on ne se rend compte de cette évolution qu’à la toute fin, lorsque leurs routes se séparent inéluctablement. La fin est d’ailleurs tragique, car elle nous rappelle où et quand se déroule cette histoire merveilleuse, et le monologue du père d’Elio à la fin est tout simplement incroyable : avec des mots simples, sans forcément le dire explicitement, il réussit à donner un incroyable message de tolérance et d’amour, ça nous prend aux tripes.
Le casting est de façon générale exceptionnel. Bien sûr, le duo Armie Hammer et Timothée Chalamet irradie à chaque scène, on sent une véritable complicité entre eux. Pour Chalamet, on découvre là un acteur bourré de talent qui montre déjà qu’il peut devenir un grand, quant à Hammer, il nous dévoile là une facette qu’on ne lui a pas souvent associé. Michael Stuhlbarg et Amira Casar sont tous les deux très bons dans le rôle de parents, et j’ai également beaucoup apprécié la douceur apportée par Esther Garrel, qui a elle aussi une complicité certaine avec Chalamet.
Techniquement, le film ne souffre de presque aucun défaut. La musique s’accord parfaitement à l’atmosphère générale quand elle est utilisée, les décors sont somptueux, et la mise en scène est splendide. Associé à un montage très fluide, elle met parfaitement en valeur l’action qui se déroule et crée une géométrie au sein des décors, suscitant ainsi les émotions qu’elle souhaite chez le spectateur. Luca Guadagnino sait où placer sa caméra, quoi montrer, et surtout où le montrer et où attirer l’attention du spectateur. Cela donne au film une dimension nécessaire pour ce genre d’histoire, faire passer les émotions, les sensations.
Call Me by Your Name était sorti d’un peu de nulle part pour moi lors de la précédente cérémonie des Oscars, où tout le monde soulignait sa qualité. C’est donc intrigué que je m’y suis attardé, et franchement je n’en suis pas sorti déçu. Je le conseille vivement !