Le grand malheur de Fabrice Du Welz, c'est de ne pas vouloir s'assumer.

Non, cela, n'a pas grand rapport avec ses préférences sexuelles. C'est simplement qu'il serait peut-être l'un des rares de "la nouvelle vague d'horreur française" capable de faire autre chose que du pseudo-cinéma de genre. Mais comme il ne veut pas s'affranchir de ses caprices, il ne progressera jamais.

Bon, je ne suis pas là pour faire dans le paternalisme bête. Surtout que j'en ai pas la légitimité.

Néanmoins, il part ici d'une idée assez abscons, qui peut avoir son intérêt (la projection d'un malade mental sur un bonhomme débarqué chez lui par hasard, dans lequel il voit sa femme), mais comme il ne veut pas assumer son sujet, il hésite, avance, recule, comment veux-tu que... le spectateur adhère au final ?

C'est perturbant par l'hypnotisme mis en place, aidé par cette grande lenteur, ce scénario zarbi. Mais Du Welz se flingue tout seul en refusant d'aimer son idée et de s'y tenir. La "course poursuite" sur la fin est d'ailleurs assez typique du film, parce qu'elle démontre qu'il y a un réalisateur derrière, et que les idées ne manquent pas pour compenser le manque de moyen, en plus des idées pour tenir une histoire. Dommage également de ne pas maîtriser ses tics, comme cette tentative putassière pour faire sursauter le spectateur.

Un gâchis. Mais de l'espoir, aussi. L'espoir de voir un réalisateur prendre conscience que le cinéma ne se résume pas au cinéma d'exploitation, d'autant que le cinéma "d'exploitation" que l'on aime peut aussi, si il le veut, être un minimum intéressant parce qu'intelligent. Ainsi, peut-être qu'il deviendra un réalisateur à suivre, sans être génial, mais intéressant parce que capable d'allier des thématiques fortes et une réalisation d'un niveau conséquent*. Faire du cinéma en somme.

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* Bon, il est à signaler que la caméra qui bouge dans tous les sens me pète les genoux plutôt deux fois qu'une. C'est tout aussi imbuvable et d'ailleurs, l'une des scènes ne l'utilisait pas ainsi et c'était tout à fait efficace. Et tout aussi, voire plus, intéressant. Faudrait en finir une bonne fois pour toute avec ces âneries.
Bung
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le 23 sept. 2014

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Bung

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