Un remake fidèle mais qui peine à convaincre

C'est au tour de Candyman d'avoir droit à son remake. Ce n'est certes pas le film d'horreur le plus connu dans l’histoire du 7ème art mais celui-ci a acquis ses lettres de noblesse au fil des années pour être finalement reconnu aujourd'hui comme une œuvre horrifique marquante avec son ton si distinctif. Sorti en 1992, le tueur au crochet était interprété par un Tony Todd magnétique et charismatique. De plus, le film pouvait compter sur la musique inoubliable de Philip Glass, le compositeur nous offre une bande sonore toute aussi mystique avec des tonalités reconnaissables. En effet, on retient Candyman pour son ambiance gothique qui sortait indéniablement du lot avec la mise en scène particulière de son réalisateur, Bernard Rose, qui s'éloignait des slashers devenus des caricatures d’eux-mêmes à cette époque. On pense entre autre à la saga Vendredi 13 ou encore Halloween. Tout n’était pas parfait mais ce vent de fraîcheur avait le don de proposer une histoire innovante. Cette nouvelle mouture signée par Nia DaCosta, future réalisatrice dans le MCU, a donc un héritage à respecter tout en modernisant son histoire avec en tête d’affiche la star montante Yahya Abdul-Mateen II aperçu récemment dans Aquaman ou dans la série Watchmen et bientôt au casting du prochain Matrix. Produit par Jordan Peele qui s'est également distingué à l'écriture avec la metteure en scène, le film augure du meilleur dans les premières minutes avec une mise en scène léchée et une ambiance inquiétante. De plus, dans sa volonté de rester le plus sincère possible au matériau de base, le long-métrage fait régulièrement le lien avec les évènements du film original. Le récit nous présente un couple qui vient de s’installer dans un appartement à Chicago dans lequel on retrouve le protagoniste principal, peintre en panne d’inspiration qui montre une curiosité grandissante pour l’histoire du Candyman, véritable légende urbaine, qui va tourner à l’obsession malsaine. Ce qui saute aux yeux avant tout dans ce film est le respect apporté au personnage mythique tout au long du visionnage, c'est vraiment réussi d’un point de vue visuel avec des plans urbains qui ont pour résultat de renforcer le malaise ambiant. Les auteurs tiennent à ne pas dénaturer l’œuvre de base mais si les sujets sociétaux sont à nouveau présents, ils sont moins bien traités. Cependant, l'œuvre n’hésite pas à se montrer sanglante, mais on est loin de l’hémoglobine gratuite, c’est plus un choix qui permet d’appuyer la violence du tueur. Revenons à ce peintre, sujet à un comportement de plus en plus étrange alors que les meurtres se multiplient en parallèle. Il va tomber de plus en plus dans la folie quitte à s’éloigner de ses proches, on va comprendre par ailleurs que cet homme est beaucoup plus lié à ce tueur sanglant et mystique. La mise en scène de Nia DaCosta est certes fidèle et prend le relais de manière efficace au film de 1992 mais sa réalisation est un poil trop maniérée. En effet, elle en fait parfois trop afin d’assurer une atmosphère malaisante, ce n’est pas forcément nécessaire et cela a le don d’être pénible. C’est d’autant plus dommage que le travail sur l’ambiance est efficace avec un malaise de plus en plus palpable. Les révélations avant la conclusion sont faciles mais ont le mérite d’apporter de la profondeur à son personnage central. Cependant, alors que globalement on passait un bon moment, le film tourne vers une conclusion grossière et complètement abracadabrantesque. La faute incombe aux auteurs qui ont cherché à apporter une fin ouverte certes mais ont exploité des lourdeurs qui pour résultat de davantage nous déstabiliser. De plus, le film, malgré tous ses efforts, ne parvient pas à iconiser le tueur. Bref, on ressort très partagé de la salle, si d’un côté, le film réussit son travail de sincérité, il se loupe dès qu’il tente de proposer quelque chose de plus innovant.

tdurden44
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le 28 sept. 2021

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