S'il est un film qui a marqué les esprits au moment de sa sortie, c'est bien Cannibal Holocaust : censure dans de nombreux pays, procès du réalisateur, accusé d'avoir tourné un snuff movie (il dût prouver que les acteurs étaient toujours vivants !) ... et énorme succès public (pour un budget de 200.000 $, il en rapporta 1.000 fois plus).
Le succès public n'est pourtant pas forcément synonyme de qualité. Elle est pourtant au rendez-vous. Plongée glaçante dans l'horreur pure, le film se veut une réflexion sur la société de consommation, et le colonialisme. Le film déroule des scènes horrifiques marquantes : émasculation, empalement, viol, torture ... Rien ne nous est épargné, au cours d'un crescendo diabolique, magistralement servi par la somptueuse musique de Riz Ortolani, assurément une des meilleures bandes-originales de tous les temps. Le réalisateur s'attarde sur des gros plans, le style caméra à l'épaule enfonce le spectateur au fond de son fauteuil par sa précision mécanique. On peut (on doit d'ailleurs !) se demander si autant de cruauté est bien nécessaire. Pour servir le propos (l'homme Blanc sous des dehors civilisés, n'est guère moins barbare que le prétendu "sauvage"), était-il bien utile de faire couler autant d'hémoglobine ? C'est un des films d'horreur "à l'ancienne" qui a le mieux vieilli, grâce à la réussite des effets spéciaux, remarquables, qui ne prêtent pas souvent, voire jamais, à rire.
Un film qui n'usurpe donc pas sa réputation sulfureuse, même trente ans plus tard. Vrai choc, à réserver à un public averti, amateur de cinéma d'horreur bien saignant.