Tom encore bée
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Entre 2002 et 2009, Paul Greengrass a sorti un film à peu près tous les deux ans. Et depuis Green Zone, on se demandait bien ce que le réalisateur irlandais nous préparait. Il y a 11 ans, après un premier film sur la sexualité, et entouré de Kenneth Brannagh et Helena Bonham Carter, il arrivait avec un uppercut inattendu qui définira son style -et le style de beaucoup d'autres : caméra à l'épaule pour une action plus percutante, Greengrass décide de montrer le fameux Bloody Sunday avec un film aussi réussi que poignant. Mais c'est surtout dès 2004 qu'il est reconnu du grand public en donnant un coup de punch à la saga Jason Bourne avec les indispensables Mort et Vengeance dans la Peau. Allant dans un style de plus en plus brut, il a remis au goût du jour la caméra à l'épaule (faussement réduit et appelé "shaky cam") et s'est allègrement fait reprendre dans de nombreux films d'actions sans jamais se faire égaler.
Aujourd'hui, il laisse son ami Matt Damon pour son retour derrière la caméra et décide de confier le rôle principale à l'immense et incontournable Tom Hanks, dans un film de piraterie.
Loin des bandeaux sur l’œil et des crochets, on parle ici de piraterie contemporaine. Si le sujet a déjà été traité cette année dans Hijacking, Greengrass, lui, décide de s'inspirer d'une histoire vraie, celle du Capitaine Phillips.
Attaqué au large de la Somalie par une bande de pirates pendant un voyage commercial, le capitaine en charge du bateau fait preuve d'un sang froid et d'une maîtrise maritime extraordinaires pour sauver son équipage. Quand on voit le personnage principal, charismatique et rassurant, Tom Hanks sonne comme une évidence à nos yeux. Et quel rôle ! C'est bien simple, Paul Greengrass offre à l'acteur oscarisé son meilleur rôle depuis des années tant il brûle la pellicule par sa présence et éclipse complètement ses autres compagnons, même si Barkhad Abdi (dont c'est le premier rôle) et son excellente performance ne sont pas en reste.
L'autre force de Capitaine Phillips réside dans son écriture. Evidemment, il s'agit ici d'une histoire vraie et il semblerait que la part romancée ait été moindre. Le metteur en scène a simplement voulu raconter l'héroïsme de ce personnage. Cependant, on ne dresse pas uniquement le portrait de Phillips mais on se retrouve à plusieurs reprises (et à parts égales) de l'autre côté de la barrière, en Somalie. Ainsi donc, Greengrass n'hésite pas à nous expliquer les raisons de la piraterie comme un moyen inévitable à la survie. Mais surtout, il crée ce sentiment étrange d'empathie pour Muse, le chef de la bande. Ainsi donc, le spectateur se retrouvera presque le cul entre deux chaises, se mettant constamment du côté du capitaine mais éprouvant de la compréhension envers le pirate.
Paul Greengrass récidive avec un film d'une puissance rare. On connait sa méthode de tournage (pas de travelling, pas de marquage au sol, un tournage sans chichi) et le résultat est présent : un long métrage brut, au découpage et au rythme effréné pour 2h00 en plein cœur de l'action, hyper réaliste et parfois proche du documentaire, comme il sait si bien le faire.
Un grand cru Greengrass en somme, Capitaine Phillips est indispensable pour tous les aficionados du réalisateur. Certains de ses collègues devraient s'en inspirer.
Créée
le 18 mai 2015
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