À tombeau couvert
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Le carancho (caracara huppé), rapace d'Amérique du Sud qui se nourrit de carcasses d'animaux, est un charognard ayant belle allure. C'est aussi le nom que les Argentins donnent à ceux qui profitent des accidents de la circulation, première cause de mortalité du pays.
Sosa est l'un d'eux. Avocat fatigué par la vie et radié du barreau pour indélicatesse, il est contraint de travailler pour La Fondation. Cette officine peu soucieuse de légalité, prend en charge le recouvrement des indemnités pour le compte des accidentés ou de leur famille et se sert largement au passage. Cherchant des clients à qui proposer un contrat, Sosa écume les couloirs d’hôpitaux et les lieux d'accidents. C'est sur l'un d'eux qu'une nuit, il fait la connaissance de Lujan, jeune médecin urgentiste fraîchement arrivée à Buenos Aires. Cumulant les gardes, elle est exténuée et se shoote pour tenir le coup. Ils entament rapidement une liaison à peine remise en cause quand Lujan découvre que, non seulement Sosa profite des accidents, mais qu'il en monte de toute pièce. Le couple vit des moments de tendresse et de sensualité qui lui font reprendre goût à la vie. Sosa essaie de s'échapper de cet environnement sordide en organisant un « dernier coup », mais les avocats marrons, les policiers corrompus et les médecins indélicats n'entendent pas se laisser dépouiller aussi facilement...
Le cinéma hispanophone recèle toujours de petites perles : les neufs reines, Surveillance, L'orphelinat, Dans ses yeux... Carancho ne joue pas dans la même catégorie mais reste intéressant.
Tout d'abord, le personnage principal est joué par l'excellent et charismatique Ricardo Darin. Sorte d'Alan Rickman ibérique, il impose une force et une étrange douceur. Sa partenaire est jouée par la très belle (et sculputurale) Martina Gusman. L'alchimie fonctionne parfaitement entre les deux personnages. Tout les sépare : il est un petit arnaqueur qui fricote la mafia, elle est une médecin borderline qui tente de sauver des vies. Mais une sensibilité commune les rapproche. Ils vont vivre une histoire d'amour intense et tragique.
La mise en scène de Pablo Trarero est correct mais on aurait aimé plus de folies. Le dernier quart d'heure est prenant (voir anxiogène), mais la réal reste étrangement sage. Il manque la nervosité d'un Jacques Audiard ou la virtuosité d'un Inarritu.
Pourtant, Carancho est un "sympathique" polar dramatique qui démontre le talent de Darin. On est étonné de ne pas voir cet acteur dans une grosse prod (il ferait un excellent méchant dans un James Bond).
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Créée
le 12 juil. 2016
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