Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines par Gérard Rocher La Fête de l'Art

1910 est une année de tous les dangers pour les pilotes d'avions, ces "fous volants". Grâce aux talents enchanteurs de sa fille Patricia et de son prétendant, lord Rawnsley, grand patron du "D*aily Post*", journal le plus populaire d'Angleterre, va se lancer dans un pari presque insensé: organiser pour la première fois une course aérienne entre Londres et Paris, avec à la clé une somme de 10 000Livres Sterling offerte au vainqueur de l'épreuve.
Pour ce pactole et pour le charme de Patricia les concurrents ne vont pas tarder à déposer leur candidature afin de relever ce défi. Les plus intrépides pilotes internationaux et leurs équipes techniques débarquent pour se livrer une lutte sans pitié par les coups les plus tordus à bord de leurs drôles de machines afin de ramener le trophée et honorer leur Patrie.


Que la folle aventure commence donc ! Lord Rawnsley est ravi de mettre un peu plus en exergue son journal. Sa fille qui est aux anges et les "aventuriers" qui se présentent un à un de l'autre côté de la Manche ont vraiment la certitude de remporter l'épreuve grâce à leurs avions révolutionnaires tous plus bizarres les uns que les autres.
Sur la ligne de départ nous avons un certain Pierre Dubois le français combinard et dragueur invétéré, von Holstein un corpulent colonel prussien et fier de l'être au casque à pointe contrastant avec la finesse et le sourire du Japonais "faux kamikaze" Yamamoto le bien nommé. Viennent s'ajouter Sir Percival Ware-Armitage, un anglais très "bon chic bon genre" avec son "complice" Courtney et un voisin écossais avide des bouteilles de Scotch. Il y a bien sûr le candidat à la victoire, l'américain Orville Newton, véritable cascadeur séduisant et tombeur de ces dames ébahies sans oublier un comte italien exubérant et démonstratif répondant au doux nom de Ponticelli. Au cours d'entrainements cocasses ce joli monde s'épie et tente déjà de montrer sa supériorité afin d'impressionner l'autre.
La course démarre, le match est lancé et gare au tricheur ! J'arrête donc là le récit afin de vous laisser vous ronger les ongles en savourant ce "combat" pas toujours fair-play, loin s'en faut, pour les 10 000Livres Sterling ou pour le cœur d'une jolie femme, sait-on jamais...


Le réalisateur anglais Ken Annakin n'a pas hésité sur les moyens financiers et techniques dans cette œuvre de 1965. Les avions ne sont pas des maquettes mais de véritables prototypes du tout début des années 1900 reconstitués scrupuleusement à l'authentique. Ils sont d'une pure beauté et d'une folle originalité. Seuls les moteurs furent réactualisés pour une plus grande stabilité des appareils. La trame de cette réalisation ressemble curieusement au film interminable de Blake Edwards: "La Grande Course autour du monde" sorti la même année, les avions étant remplacés par des tacots. Cette équipée improbable va nous faire vivre, que ce soit sur la base aérienne, en plein ciel et sur mer, un lot de gags, de cascades et d'aventures croustillantes à n'en plus finir car un vilain magouilleur vient brouiller les cartes.
Cette course est bien entendu une pure invention car dans le réel il y a fort à parier que les choses se seraient passées d'une façon plus régulière. Alors bien sûr l'intrigue n'est pas d'une folle originalité mais voici ce que j'appelle une œuvre de détente luxueuse qui arrive à faire mouche par son humour. Les personnages sont caricaturés à l'extrême, de par leurs origines, et cela ajoute à la gaieté ambiante de cette production. Je voudrais aussi insister sur le générique animé qui est absolument génial et talentueux et sur l'introduction de cette aventure nous offrant des images d'archive des tous premiers fous volants victimes de destins divers. La musique composée par Ron Goodwin est pétillante et s'harmonise de brillante manière avec cette folle chevauchée.


Du côté du casting, nous sommes gâtés par des acteurs que nous connaissons bien pour la plupart et qui s'amusent autant que le public. La liste est longue mais citons, honneur aux dames, Sarah Miles et Irina Demick. Côté messieurs vous pourrez reconnaître: Alberto Sordi, Stuart Whitmman, James Fox, Jean-Pierre Cassel ou Gert Fröbe. Et puis je veux également signaler la présence de quelqu'un qui a fait le bonheur d'une série télévisée célèbre, à savoir Benny Hill, le grand Chef de la Brigade des pompiers, hilarant responsable des pistes d’essai.


Certes les ficelles sont grosses et même très grosses dans la description des personnage caricaturés à l'extrême toutefois cela donne un réel charme rétro à cette œuvre. Ken Annakin a peut-être la main un peu lourde dans ce domaine mais avec ces vielles machines pétaradantes bizarres et ces joyeux lurons il a tout de même réussi à me détendre en me faisant rêver. C'est pourquoi ce film mérite de ma part une note très généreuse.


Ce film a obtenu:



  • BAFTA Awards / Orange British Academy Film Awards 1966 (édition n°19) à Londres, Grande-Bretagne.
    • Meilleur costume britannique (couleur) Dinah Greet , Osbert Lancaster


Box-office France: 1 281 771 entrées


Ma note: 8/10

Créée

le 20 janv. 2015

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