Ough ! Le chocolat est mal passé.
Bien que l’ambition de réhabiliter la mémoire du premier et méconnu clown noir de la Belle Epoque soit louable, l’ensemble reste très édulcoré, trop peut-être ; aussi ai-je ressenti un manque d’application et de profondeur dans la réalisation, comme c'est le cas pour beaucoup de biopics d'ailleurs. A croire que le réalisateur, Roschdy Zem, a eu peur d’aller plus loin pour ne conserver que l'aspect "arrangeant" du parcours de la vedette que fut Rafaël Padilla.
Vraiment, le sujet n'est pas exploité aussi finement que je l'aurais voulu et c'est dommage. On tombe dans la redondance niveau mise en scène, avec Rafael, alias Chocolat, qui, tout sourire, se soumet aux brimades de son acolyte, le clown blanc George Footit, pour amuser la galerie, et ce, pendant les 3/4 du film. De toute façon, la mise en scène dans son entièreté est inégale : la première partie du film est bâclée et répétitive tandis que la seconde est à peu près décente.
Mais cette amélioration ne sauve pas les meubles pour autant, et pour cause : je n’ai ressenti aucune compassion pour le personnage principal qui apparaît comme un souffre-douleur niais et fainéant doublé d'un fêtard aveuglé par la gloire et inconscient du racisme qui l'imprègne. Omar Sy reste juste dans son rôle, sans plus. Quant à James Thierrée - qui m’avait déjà tapé dans l’œil dans Mes séances de lutte (2013) -, il livre un jeu joliment mélancolique qui contraste avec la prestation de son collègue tout en la complétant.
Aussi ai-je apprécié de voir les frères Podalydès en frères Lumière, ainsi que Noémie Lvovsky en vieille peau sévère et rebutante, Alice de Lencquesaing, qui est adorable en jeune artiste de cirque, ou encore Clotilde Hesme dans le rôle de l'infirmière amoureuse de Chocolat.
J'approuve également la photographie qui n'est pas mal. Aussi, de tout le film n'ai-je retenu que deux scènes fortes :
Celle où Footit reçoit une baffe sur scène de la part de Chocolat, se retrouvant humilié à son tour. Cette inversion des rôles maître/nègre est assez savoureuse. Puis la seconde m'ayant marquée serait celle du poster raciste. Alors que Chocolat est choqué de voir ça, son interlocuteur lui dit « Mais c’est comme ça que le public et notre société voient les gens comme vous, Chocolat. ». Des mots aussi naïfs que dévastateurs.
Sinon, Chocolat reste un biopic trop académique et tiède pour que je m'en souvienne à long terme. L'émotion ne m'a pas atteinte. Voilà pourquoi je lui décerne un 5/10.