Il n'y a pas de héros dans ce film... et c'est une bonne chose
Ce film sans réelle intrigue s'attache à décrire la vie quotidienne des protagonistes du Massacre de Nankin en 1937, sans pour autant être un documentaire. Le réalisateur Lu Chuan nous sert des scènes de batailles plutôt bien réussies et des moments difficilement supportables, le tout parsemé de temps calmes parfois magnifiques (la scène de la danse nippone restera gravée dans ma mémoire pour longtemps), parfois ennuyeux (sans intrigue, on a du mal à s'attacher à quelques personnages secondaires).
Côté bande son, bonne surprise. Pas de musique grandiloquente habituelle des films de guerre (au contraire du film sorti à la même époque : John Rabe - Le juste de Nankin, traitant des mêmes événements mais d'un point de vue beaucoup plus occidental) : des musiques biens placés, des tambours parfaits, et une bonne utilisation du silence. (Évitez la VF par contre !)
Le point fort du film est de proposer trois points de vue fort différents : Allemand, Chinois et Japonais, ces deux derniers étant à mon humble avis lez plus intéressants tant par les épreuves qu’ils traversent que part le choc des civilisations auxquels ils nous soumettent. A ce niveau là dépaysement total, loin des stéréotypes auxquels le cinéma nous avait habitué. Le jeune soldat nippon que l’on suit n’est rien d’autre qu’un homme subissant une machine de guerre impitoyable qui laisse peu de place à sa réflexion personnelle. Même topo côté Chinois, on a en face de nous une image d’hommes et de femmes déterminés mais hélas résignés à leur sort sans pour autant tomber dans la caricature. Une belle et tragique confrontation entre deux mondes, l’un expansionniste, l’autre tentant de survivre. Entre ces deux, le point de vue occidental, celui de John Rabe, l'allemand qui a pu sauver 250 000 civils chinois au cours de la seconde guerre mondiale.
Assez sombre, violent et sans détours, on sort de ce film avec une bonne leçon d’histoire dans la tête.
Pour ceux qui ont aimé La liste de Schindler, mais aussi des films comme La Harpe de Birmanie, Les feux dans la plaine (Nobi) ou La trilogie La Condition de l’Homme.