Clerks est un chef—d’œuvre en tous points réalisés par Kevin Smith en 1994 et racontant la journée atroce de Dante, qui se retrouve obligé, un samedi, d’aller bosser dans la superette de merde de son patron alors qu’il avait prévu d’aller faire un hockey avec des potes.
Le film est une comédie extrêmement drôle reposant sur des dialogues écrits avec minutie que s’échangent Dante et Randal, le looser qui tient le vidéo club tout pérav d’à côté, sur de très longs plans séquences fixes. C’est quasiment du théâtre. Le récit se découpe en plusieurs chapitres qui se suivent dans la chronologie de la journée, et il s’y passe tout un tas de bricoles à mourir de rire, qu’il s’agisse de leur façon d’envoyer paitre leurs clients, leurs plans foireux, leurs discussions philosophiques pas si débile que ça ou encore leur débat à propos des employés qui fabriquaient l’étoile de la mort dans Star Wars VI.
Les acteurs – Brian O’Halloran et Jeff Anderson – sont très bons, même si je l’ai vu en VF (et le doublage ultra 90s passe comme une lettre à la poste), le rythme tenu, les discussions savoureuses, et les situations s’enchainent à la perfection. Chaque tableau parvient à trouver son unicité et à accrocher le spectateur, le plan fixe l’intégrant à la discussion comme s’il se trouvait entre les personnages et suivait leurs réflexions en direct.
Niveau tournage c’est aussi du grand art parce que Kevin Smith a écrit son scénario alors qu’il bossait dans cette même superette, et a tourné son film avec un budget dérisoire (les sous récoltés par la vente de ses comics) dans sa superette après 22h (d’où le store métallique cassé). Ce qui prouve qu’on peut produire une comédie culte avec rien du tout. D’ailleurs la boite qui a distribué le film, Miramax, est celle qui a fait débuter Tarantino, et faut avouer que les deux univers sont assez similaires.
Pour finir il faut savoir que Clerks a eu 2 suites qui s’inscrivent dans le View Askewniverse, un univers cinématographique dans lequel se déroulent tous les films de Kevin Smith et où l’on recroise les mêmes personnages, notamment les deux dealers qui squattent devant la superette.