Bienvenue dans le monde merveilleux du cinéma co-écrit et réalisé par le grand Luc Besson !

Un monde dans lequel on prend le spectateur pour un imbécile et auquel, pendant deux heures, on va servir du réchauffé, du cliché à la pelle, des incohérences à ne plus savoir qu'en faire et tout cela assaisonné d'un manque cruel de subtilité.

Je vous l'accorde, en allant voir le film, je ne m'attendais pas à un chef-d'œuvre. Mais je ne m'attendais pas non plus à cela.

Il était une fois Catalaya, une gentille petite fille de mafieux colombien âgée de 9 ans. Papa annonce au Caïd du quartier qu'il le quitte, ce dernier n'est donc pas très content et envoie ses hommes de main tuer toute sa famille ("même les chiens !" parce que c'est un vrai méchant et il faut que ça se voit). Papa rentre donc, et dit à sa femme et enfant qu'il faut y aller, non sans oublier de donner d'abord une leçon de vie tout à fait originale à sa fille (et qui nous était serinée dans la bande-annonce) : "Never forget where you come from". Ouahou quoi. Il lui dit aussi que si jamais (huhu le naïf) les choses tournent mal, il faut qu'elle rejoigne son oncle aux Etat-Unis. Comme prévu, les choses tournent mal et Catalaya est témoin du meurtre de ses parents. La petite s'enfuie alors à travers la ville et direction les Etats-Unis ! Ah, et si vous vous demandiez ce qu'étaient devenus les Yamakasi (comme nous tous, bien entendu), ils vont bien : figurez-vous qu'ils ont été embauchés par les gangsters de Colombie spécialement pour les courses-poursuites de ce genre.

Catalaya rejoint donc son oncle à Chicago. Au premier regard lors de leurs retrouvailles, nous avons le droit aux cordes pincés d'une guitare qui souffre. Oui, au cas où on n'aurait pas compris que c'était une séquence émotion. Elle demande donc à son oncle de l'aider à devenir une tueuse (ça vous rappelle quelque chose ?). Ce à quoi il répond "pas de problème !". Bien sûr, toute personne dotée d'un cerveau comprend alors qu'elle veut venger ses parents. Son oncle par contre...
Dans une scène totalement hallucinante, il va alors lui faire comprendre que pour devenir une meilleure tueuse il faut d'abord qu'elle aille à l'école. Mais comment, me direz-vous ? Tout simplement, en tirant au hasard sur les gens en pleine rue. Puis, après qu'il lui a fait son petit speech, ils s'éloignent tous les deux tranquillement alors que la police a débarqué et que tout le monde a très bien vu d'où venaient les coups de feu. Ca a l'air assez tranquille la vie de truands à Chicago. Cette scène n'a absolument AUCUN sens : elle est non seulement pas très cohérente, mais en plus, je ne vois pas très bien ce que cela explique à la petite...

Et c'est comme cela pendant deux heures.
Un enchaînement de scènes qui sont des resucées d'autres films ayant pour thème la vengeance (La Mariée était en noir, le film qui avait inspiré le Kill Bill de Tarantino - et autres films de Besson...) mais tout en évitant soigneusement le propos intéressant.

Chez Besson, les tueuses professionnelles portent des Louboutins, sont amoureuses (et d'un peintre à tatouages, attention, pas d'une petite frappe de leur milieu), se mettent à danser langoureusement chez elles après une mission, puis mangent une sucette. Normal, il faut faire plaisir aux messieurs dans la salle. Elles sont aussi résistantes à toute forme d'explosion, même habillée d'un simple débardeur et d'une petite culotte.

Le saviez- vous ? Les grands truands de ce monde passent leurs journées à siroter un alcool fort en suant allègrement et leurs soirées en compagnie de Bunny Girls qui gloussent. Et comme le tigre était déjà pris dans Scarface, eh ben, on leur a mis des requins dans la piscine. Ca c'est la classe.

Et enfin la police. Ah la police ! Lors de l'enquête on les entend dire que les dessins retrouvés sur les corps sont tracés au rouge à lèvre. Puis, quelques minutes plus tard, que c'est totalement impossible qu'une femme soit la coupable. Aucune justification à cela n'est formulée, c'est tout simplement impossible. Mais quel engagement féministe ! Que c'est brillant de faire un pied-de-nez scénaristique à la police pour leur signifier que OUI, une femme en est tout à fait capable, ne vous en déplaise messieurs les machos ! Merci Luc, heureusement que tu es là pour nous défendre.

Les incohérences, dont je vous épargnerai la liste, sont tout sauf anecdotiques : des éléments essentiels au déroulement du film reposent entièrement dessus.
De plus, le film s'attarde sur des scènes de démonstration où l'on voit Catalya "travailler". D'accord, pourquoi pas nous montrer une de ses missions pour le déroulement de l'action. Mais à quoi cela sert d'en voir autant ? A part être prétexte à un nouvel étalage de clichés et déstructurer l'action, je ne vois pas.

Finalement, au bout de 1h15 on passe dans le vif du sujet et on a enfin le droit à une scène de combat. Et quelle scène de combat ! La réalisation est insupportable, on ne voit rien, c'est filmé à toute vitesse avec des césures et, sincèrement, je n'ai pas pu m'empêcher de rire quand j'ai vu notre belle héroïne se saisir non pas d'une mais de DEUX brosses à dents pour infliger à son adversaire de terribles blessures. Et là, alors qu'on pensait qu'on avait atteint le summum de la nullité, c'est la goutte d'eau. ENFIN l'héroïne obtient sa vengeance et tue le responsable de la mort de ses parents. Mais rien de jouissif là-dedans : elle envoie ses chiens le tuer ! Et cela en un autre endroit, elle n'aura donc même pas la satisfaction de voir l'homme qu'elle a chassé toute sa vie crever devant ses yeux ! Tout ça pour ça ?! Non vraiment, quel film de vengeance extraordinaire...

La conclusion est ridicule et passe complètement à côté du principe de catharsis du film de vengeance. Et le pire, c'est qu'ils ont osé nous mettre du Johnny Cash en scène finale de cette daube internationale. Mais laissez Johnny tranquille, bon sang !

Quant aux acteurs, la pauvre Zoé Saldana fait ce qu'elle peut mais malheureusement, vu les répliques qu'on lui donne à jouer, il n'y a pas grand chose qu'elle puisse faire ; et Michael Vartan est égal à lui-même : tantôt fekfy, tantôt mou du genou.

Au bout du compte, sur un film de 1h45, seule 1/2 heure traite réellement du sujet sur-vendu de la vengeance de l'héroïne. Ca fait court. Surtout pour un film aussi difficile à regarder.

Holly_Golightly
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le 3 août 2011

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