Colonia, c'est l'histoire d'une dictature dont on ne parle, finalement, pas si souvent. Florian Gallenberger nous offre ici sa vision d'une histoire vraie, celle de la Colonia Dignidad et de sa relation avec le Chili de Pinochet.
Je pose la carte "Honnêteté" et reconnais que jusqu'à ce que je vois ce film, je n'avais aucune idée de cette fameuse colonie, mixe entre un camp de vacances et un goulag. Peu évoqué, du moins de notre côté de l'océan, le cas du Chili n'a pas à envier ses confrères du vieux continent. Et cela, l'histoire de Lena (Emma Watson) et Daniel (Daniel Brühl) compte bien vous le faire comprendre.
Nous arrivons dans un Chili en pleine effervescence politique. Le président Allende, au sommet de sa popularité, donne une aura de bienveillance et de renouveau dont le peuple se languit. Parmi les partisans, un Allemand, Daniel, grand photographe, retrouve sa petite amie, Lena. Soudain, coup d'éclat, coup d'État, et les sympathisants d'Allende sont, au mieux, tués, aux pires envoyés à la questionnette.
Tout le reste de l'histoire s'articule autour de ce fameux lieu d'interrogatoire où est envoyé Daniel et dont Lena va essayer de le faire sortir.
Voilà, c'est tout ce que je vous dirai sur l'histoire ! Pas de spoile, j'ai des principes.
En une phrase comme en mille : le film est extrêmement bien conçu, sans sabots, ni ficelles.
La romance entre Lena et Daniel, vu qu'on tombe dedans pour ainsi dire, se met en place d'elle-même via quelques scènes spécifiques et efficaces.
Daniel Brühl, comme très souvent, excelle dans son rôle et ma faiblesse pour cet acteur n'en fait que croître. Emma Watson, je suis plus mitigé, hélas, car je l'adore pourtant tellement, mon côté Harry-potterien, que voulez-vous. Elle donne bien le jeu, elle est convaincante, bien que parfois, elle a tendance à être trop lisse, ce qui nuit à l'empathie du spectateur.
Michael Nyqvist dans le rôle du gourou post-nazi pervers est au poil, probablement le meilleur acteur sur la pellicule.
Pour ce qui est de l'ambiance de la Colonia Dignidad, chapeau bas. On en saisit toute la perversion et l'horreur avec brio, sans pour autant devoir mettre des panneaux de signalisation. Le cheminent n'a pas besoin d'être fléché, car la route est claire et le guide la connaît comme sa poche.
Le film, je vais cette fois le dire en positif, n'a pas le cul entre deux chaises ! En effet, il nous est vendu comme une romance, le sauvetage de l'être aimé, et il s'y tient. Cependant, avec une réussite indéniable, il nous relate ces moments dramatiques de l'Histoire chilienne, qui reste inconnue de beaucoup.
Ce n'est pas un documentaire, mais vous vous endormirez moins bête. Enfin, dans mon cas.
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