Colorful est un beau film. Keiichi Hara nous plonge immédiatement dans son monde avec une introduction originale et pleine d’idées. On nous présente une âme sur le point de se réincarner dans le corps d’un garçon s’étant tout juste suicidé. Ici, un silence, ou plutôt un bruit de fond pour accompagner une âme qu’on ne voit pas, puisqu’elle se trouve derrière le champ de vision. Le guide parle directement à nous, spectateurs. On peut voir dans le fond ce qui semblerait être des âmes perdues qui n’ont aucune chance de se réincarner, mais le réalisateur ne cherchera pas à nous expliquer ce qu’elles font ou où elles vont. C’est à nous d’imaginer la chose. Puis tout le long du film, il y aura des plans magnifiques remplis de couleurs, surtout grâce aux paysages ou aux décors. Le plan final et la phrase qui l’accompagnent sont d’ailleurs très justes.
Car oui, Colorful un beau film, mais c’est surtout un film juste. Juste dans la richesse de ses personnages et les relations qu’ils ont avec le héros. Un héros, ou plutôt un morveux insupportable, méprisable, mais pour qui on s’attache finalement. On notera la relation avec son premier et seul ami qui le conduira à s’ouvrir et qui servira le dénouement avec sa famille. C’est d’ailleurs sa mère qui est le personnage le plus touchant et réel du film, dépeinte comme une mère aimante et qui fait tout pour faire plaisir à son fils malgré son absence totale de reconnaissance. Mais il y a aussi le frère qui sera finalement un élément crucial, ne lâchant pas un mot de tout le film, et finissant simplement par montrer en quoi l’histoire du héros aura touché toute sa famille (en plus de m’avoir touché moi).
Le film frappe aussi par certains thèmes qu’il aborde comme le suicide, la solitude, le harcèlement, mais surtout la prostitution d’une de ses camarades de classe qui aura une grande importance, pour laquelle il voue une certaine admiration et dont les choix l’étonneront. Son dernier dialogue avec le personnage en sera d’autant plus touchant qu’il est vrai et expliquera finalement le titre du film.
Le dénouement est à la fois surprenant et prévisible puisqu’il est la suite logique des événements et de la prise de conscience et de maturité du héros. Une conclusion donc très belle et honnête, parlant de seconde chance, et le faisant très bien. Soulignons aussi une musique pas forcément originale, mais qui a le mérite d’être très diversifiée, allant dans plusieurs styles différents et accompagnant parfaitement le film. Mais Hara sait aussi quand il faut taire cette musique, notamment au sein de plusieurs dialogues ou dans l’introduction par exemple, laissant parler le visuel ou les dialogues sans en faire trop.
Pour mon premier film de Hara, j’en suis très enthousiaste et il fait d’ores et déjà partie de mes films d’animation japonaise préférés.